C'est la pire crainte des adeptes de ce sport extrême. Mais Els Van Doren était une passionnée de parachutisme. Et même si le risque faisait partie de l'équation, la jeune femme de 38 ans s'entrainait chaque week-end pour ne jamais se laisser surprendre.
En cette matinée d'hiver, la séance de vol relatif qui consiste à réaliser des figures en chute libre en groupe, va sceller son destin. Sous les regards de trois camarades
impuissants, son parachute s'écrase au sol après une chute vertigineuse. Elle n'aura eu qu'une poignée de secondes pour voir le sol se
rapprocher et savoir que sa vie allait lui échapper.
Ce samedi 18 novembre 2006, peu avant 13 heures, Paula Dhondt sort de sa maison située à Opglabeek, commune belge proche de la frontière néerlandaise. Elle étend du linge dans son jardin quand elle est surprise par un bruit sourd la fait sursauter. Quelque chose est tombé du ciel, a atterri au fond du jardin. Elle se précipite et aperçoit une voile blanche qui ressemble à un parachute.
En y regardant de plus près, elle remarque tout d'abord une jambe et un pied, puis aperçoit un corps désarticulé. La violence du choc a été telle que personne n'aurait pu y survivre, et Paula le sait. L'habitante s'empresse de prévenir les secours. Ceux-ci ne sont pas encore sur place qu'un homme essoufflé, portant lui aussi une combinaison de vol, surgit dans le jardin.
Le parachutiste est désorienté, sous le choc. Il s'appelle Marcel Somers, un Néerlandais. Il explique de façon décousue que la personne qui vient de trouver la mort est une de ses amies qui effectuait une sortie sportive avec tout un groupe de parachutistes. Il l'a vue tomber, sa voile ne s'est jamais ouverte.
Durant l'audition, Marcel Somers, raconte avoir embarqué avec trois amis de son club, à 11h50, sur l'aérodrome voisin de Zwartberg. Il était accompagné de la victime, Els Van Doren, d'une autre femme également prénommée Els, Els Clottemans, ainsi que d'un garçon, Tom Bolsius. Un autre groupe, composé de huit parachutistes, a également pris place avec eux dans un Cessna 208.
L'avion est monté normalement jusqu'à son altitude de largage, un peu plus de 4.000 mètres et 8 participants se sont alors jetés dans le vide. Marcel Somers indique que son groupe a suivi une minute plus tard.
Il s'agissait pour les quatre amis d'un exercice de vol relatif. En chute libre, réaliser une formation en étoile où tout le monde se tient par la main. Marcel Somers, Els van Doren, la victime, et Tom Bolsius ont commencé à se mettre en place. Mais Els Clottemans, la moins expérimentée, a raté la sortie de l'avion et n'a pas pu les rejoindre.
À 1.000 mètres, ils se sont séparés et ont déclenché leurs parachutes. Sauf Els Van Doren qui a continué à chuter à 35 mètres par seconde. Sa voile de secours, qui se déclenche automatiquement en cas de limite d'altitude, ne s'est pas ouverte. Somers a désespérément essayé de se rapprocher d'elle, en vain. Le groupe a assisté, effaré, impuissant, à la mort de la parachutiste à la vitesse de 200 kilomètres heure.
Les policiers qui ont récupéré les affaires de la victime, sont suspicieux. Marcel Somers leur a répété qu'il s'agissait d'un incident technique, mais un premier élément intriguant va semer le doute. Il apparait que la voile dorsale de la victime a été sabotée. Puis ils remarquent qu'un fil qui lui permet de déployer le parachute a été sectionné. La même opération a été perpétrée sur la voile de secours. La suspente tranchée empêche toute ouverture.
La piste de l'accident laisse désormais place à un sabotage volontaire, destiné à tuer. La police fédérale de Tongres, chargée du dossier se questionne : qui a donc pu ôter la vie à Els Van Doren ? Ils vont bientôt découvrir que rien n'a été laissé au hasard. Bien loin d'une tragique sentence du destin, la jalousie sentimentale est au cœur de cette machination.
Les enquêteurs vont alors être
confrontés à une étonnante galerie de portraits, où chacun se croise et se
fréquente, sur fond de rancœurs recuites. La police va s'appliquer à savoir
qui a fait quoi chez ces adeptes du parachutisme et de l'amour partagé.
- Alessandra D’Angelo, journaliste
d’investigation belge.
- Pieter Lesaffer, journaliste rédacteur en
chef à Het Nieuwsblad.
Commentaires