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Affaire Bruay-en-Artois : comment Daniel Bourdon, “enfant du village”, a remonté la piste d'un nouveau suspect

PODCAST - Le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, est retrouvée morte à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais). L'affaire est classée et le coupable reste inconnu. Mais Daniel Bourdon raconte, dans "Les Voix du crime", comment il a trouvé une nouvelle piste…

Les parents de la petite Brigitte Dewèvre reçoivent la presse à leur domicile, le 05 avril 1973 à Bruay-en-Artois (Pas de Calais), un an après l'assassinat de leur fille.
Crédit : STF / AFP
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Jean-Alphonse Richard & Louan Deniel
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Même si la ville a changé de nom, l'affaire est encore dans les mémoires. Le 6 avril 1972, Brigitte Dewèvre, 15 ans, est retrouvée morte sur un terrain vague à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais). Adolescent, Daniel Bourdon jouait au foot sur ce même terrain avec le frère de Brigitte. Il est devenu policier, puis a publié trois ouvrages sur l'affaire, dont Brigitte, Acte final (Flag, 2021)."Quand je me promène dans Bruay, j'ai toujours quelqu'un qui m'interpelle sur cette affaire", raconte Daniel Bourdon dans Les Voix du crime

Un an après la mort de l'adolescente, l'enquête sur le meurtre de Brigitte Dewèvre est au point mort quand une nouvelle piste apparaît. Jean-Pierre Flahaut, "un gamin de 17 ans un peu en perdition", se dénonce à la police. Arrêté puis jugé, Jean-Pierre Flahaut est le "coupable sous la main" des enquêteurs, et sera vite innocenté. Les familles de mineurs Bruaysiens sont convaincus de la culpabilité du notaire Pierre Leroy, aperçu sur les lieux le soir du crime, mais sans preuves contre lui. L'affaire est classée en 1981, et plus personne n'en parle jusqu'aux années 2010, moment où Daniel Bourdon choisi de mener sa propre enquête.

L'ancien policier est motivé par "la rencontre avec une ancienne secrétaire du notaire. Elle m'a dit la confiance qu'elle lui faisait, et je me suis dit 'Pourquoi ne pas enquêter ?' Je suis un enfant du village. Tout le monde me connaît, je peux aller dans les corons pour parler à des gens qui n'ont peut-être jamais parlé."

Tout le monde me connaît, je peux aller dans les corons pour parler à des gens qui n'ont peut-être jamais parlé

Daniel Bourdon

Lors d'une dédicace pour son premier livre, Daniel Bourdon rencontre un homme qui lui confie "connaître l'assassin" de Brigitte Dewèvre. "On pense toujours à un idéaliste, à un rigolo dans ces moments-là", se souvient l'ancien policier. Mais par l'intermédiaire de cet homme, il va entrer en contact avec la femme d'un ancien postier de Bruay.

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"Elle me raconte que son mari ne rentrait jamais tard de son travail. Ce soir-là [le 6 avril], il est rentré à 2h du matin, tous feux éteints. Connaissant les problèmes qu'il avait avec les femmes, je l'ai soupçonné tout de suite. Le lendemain, tout le monde parlait de la découverte du crime, sauf lui, alors qu'il était facteur !" À partir de là, insiste Daniel Bourdon, "un doute s'est installé" autour de cet homme.

Je suis sûr que c'est lui. Maintenant, je suis un ancien policier, donc je respecterai la présomption d'innocence

Daniel Bourdon

"C'est un homme violent avec elle, très particulier", souligne l'ancien policier, qui raconte le jour où cette femme a expliqué à son mari qu'elle savait que c'était lui qui avait tué Brigitte. "Dans la colère, il lui dit, selon elle, 'oui, c'est moi qui ai tué Brigitte Dewèvre, mais tu te tairas, sinon c'est notre fils qui prendra.' Et c'est pour ça qu'après, elle a décidé de parler, parce que son fils est décédé d'un cancer. Elle a été à la police pour dénoncer son mari." Mais à cette époque, les faits sont déjà prescrits.


"L'enfant de Bruay" a rencontré cet ancien postier, qui est toujours vivant. Un face-à-face empli de défiance du côté de celui qui, à ses yeux, est l'assassin de Brigitte. "Eut égard aux questions que je lui ai posées, et la manière dont il m'a répondu… Il a botté en touche. Parce que moi, à sa place, si quelqu'un était venu me voir comme ça, j'aurais déposé plainte ou quelque chose de ce genre."

Daniel Bourdon, qui s'est toujours refusé à donner son nom, espère rencontrer une nouvelle fois cet homme, aujourd'hui très âgé. "J'ai surtout envie de lui dire qu'avant sa mort, qu'il puisse au moins l'écrire. Parce que je suis sûr que c'est lui. Maintenant, évidemment, je suis un ancien policier, donc je respecterai la présomption d'innocence."

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