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Affaire Anaïs Marcelli : un règlement de compte intrafamilial ?

30 ans après le crime de la petite Anaïs Marcelli, disparue à Mulhouse alors qu'elle rentrait chez elle, l’affaire est relancée par la justice. La piste privilégiée est celle d'un meurtre commis par l'entourage familial.

Martine Merklen (C), mère de la petite Anais retrouvée morte le 21 avril, 4 mois après sa disparition, participe à la reconstitution, accompagné du juge d'instruction Germain Sengelin (D), le 15 octobre 1991, à Mulhouse.
Martine Merklen (C), mère de la petite Anais retrouvée morte le 21 avril, 4 mois après sa disparition, participe à la reconstitution, accompagné du juge d'instruction Germain Sengelin (D), le 15 octobre 1991, à Mulhouse.
Crédit : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Jean-Alphonse Richard - édité par Célia Mamoghli

Lundi 14 janvier 1991, dans les alentours de 18h, Martine Mercklen rentre chez elle, rue de Zurich, un immeuble situé tout près du centre historique de Mulhouse. Dans l'appartement du deuxième étage, il y a son compagnon, Jean-Marie, un boucher qui travaille dans la Suisse voisine. Il vient lui aussi de rentrer à la maison il y a quelques minutes.
 
Mais il manque quelqu'un à l'appel : la fille de Martine, Anaïs, devrait déjà être là. Normalement, elle quitte l'étude de l'école primaire de Norfeld à 18h précise et l'établissement est à une dizaine de minutes à pied. La maman décide de prendre Belle, la chienne de la maison, et sort pour aller à la rencontre d'Anaïs. La nuit est tombée, aucune trace de sa fille. De plus, l'école vient de fermer, tout comme l'église attenante Sainte-Geneviève. 

Martine est inquiète et ne comprend où est-ce que sa fille a bien pu passer. Elle décide de revenir à l'appartement. Quand elle arrive au rez-de-chaussée, elle aperçoit de la lumière sous une porte. Ce sont les bureaux de son père adoptif Bernard R, le grand-père d'Anaïs. Elle enfonce la porte et le prévient qu'Anaïs n'est pas rentrée et remonte à l'appartement. 

Les enquêteurs excluent rapidement la piste de la fugue

À 19 h 20, le commissariat est alerté. La brigade prend immédiatement l'affaire au sérieux et se rend rue de Zurich. La mère donne un signalement physique de sa fille et ce qu'elle portait le matin. C'est une petite fille de 1,52 m, cheveux mi-long, yeux marrons. Le jour de sa disparition, elle portait un anorak bleu turquoise, une jupe plissée bleu-marine, un pull-over, des collants rouge et des bottes fourrés en daim. Elle avait un cartable fluorescent.

Nicolas, un camarade de classe d'Anaïs, dit l'avoir vue marcher rue de Bâle, à moins d'une centaine de mètres de chez elle. Mis à part ce témoignage, les enquêteurs n'auront plus aucune piste ensuite. Mardi 15 janvier, le lendemain de sa disparition, des dizaines de policiers et gendarmes quadrillent le quartier et les rues de Mulhouse à la recherche du moindre indice ou témoignages. Le canal du Rhône au Rhin sera même vidé sur trois km une semaine plus tard. Mais cela ne donnera aucun résultats.

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Les enquêteurs excluent rapidement la piste de la fugue. Si les parents d'Anaïs ont récemment divorcé, la petite fille s'est adaptée à la situation d'après sa mère. Elle a vécu un temps chez son père, Patrick Marcelli, qui habite près de Mulhouse, qui a accouru le soir même pour participer aux recherches.

Lettre anonyme

Depuis, Anaïs, vit avec sa mère et son nouveau compagnon. Aucun problèmes particulier n'est à signaler. Martine dit avoir réprimandé sa fille la veille de sa disparition, pour un devoir d'école. Mais il s'agissait d'une simple querelle, pas un motif, selon elle, assez grave pour faire une fugue. La famille passe sa journée à chercher la petite fille. Une radiesthésiste encourage à fouiller le zoo qui est tout proche, mais l'enfant ne s'y trouve pas. 


Deux mois de recherches qui sont restées vains. Jusqu'à ce fameux 27 mars. Ce jour là, une lettre anonyme, dactylographiée, longue, détaillées et bourrées de faute d'orthographe, parviens à l'école d'Anaïs. Elle est adressée à tous ses camarades. Le récit est lugubre, le corbeau semble être un désaxé sexuel. Il écrit que "l'enlèvement s'est bien passé et que la fillette est en parfaite santé, qu'elle est très douce et très docile". Il rajoute "qu'elle lui plaît beaucoup et qu'il passe des instants merveilleux en sa compagnie". Le scripteur dit aussi vouloir la mettre enceinte. Ce courrier va être expertiser par les enquêteurs.  

Le corps retrouvé 3 mois plus tard

Le 21 avril 1991, soit trois mois après la disparition de la jeune Anaïs, un randonneur qui marche au col de Bussang, en bordure de la Nationale 66, à une quarantaine de km de Mulhouse, alerte les gendarmes sur la découverte d'un corps. Il a dit avoir aperçu une tête et des jambes en collants rouge dépasser d'un amas de pierre. Il a tout de suite fait le rapprochement avec la disparition de la fillette qui avait retourné tout le village. Il s'agit bien de son corps. 

La dépouille, abîmée par le séjour hivernal dans ce col qui donne accès aux Vosges, a été dissimulée sous des cailloux, à l'abri d'un mur de soutènement. Les vêtements que porte Anaïs correspondent bien au signalement donné par sa mère, à l'exception de son anorak et de ses chaussures. L'autopsie indique qu'elle n'a pas été violée, mais étranglée à main nue. Son estomac est vide. Elle a été tuée peu après la sortie de l'école. Son corps aurait ensuite été transporté jusqu'au col de Bussang. 

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