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Agnès Marin, 13 ans, assassinée par un violeur récidiviste, scolarisé dans le même établissement qu'elle.
Crédit : GENDARMERIE NATIONALE / HO / AFP
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Mercredi 16 novembre 2011, aux alentours de 20h30, les gendarmes sont appelés par un responsable du collège Cévenol, au Chambon-sur-Lignon, à une quarantaine de kilomètres du Puy-en-Velay. Une des pensionnaires, Agnès Marin, treize ans et demi, en classe de troisième, est introuvable depuis le début de l'après-midi. Ses camarades se sont rendus au "Play", le café fréquenté par les élèves du Cévenol. Elle n'y était pas. Elle n’est pas non plus passée à la supérette voisine. En pleine nuit, les gendarmes de la brigade territoriale de Tence parcourent les alentours du collège-lycée. Sans résultat.
Vendredi 18 novembre, quarante-huit heures après la disparition d'Agnès Marin, ses parents lancent un appel désespéré depuis la mairie du Chambon-sur-Lignon. Paola et Frédéric Marin, une architecte et un pharmacien, sont arrivés de Paris. Leur fille est inscrite au Cévenol depuis le début de l'année scolaire. Ils l’avaient inscrite ici pour l'éloigner de certaines mauvaises fréquentations.
Alors que les parents lancent leur appel, un lycéen de 17 ans est en garde à vue à la gendarmerie de Tence. Mathieu Moulinas, élève de 1ere STG, a participé aux battues pour retrouver Agnès. Il s'est fait remarquer par des griffures qu'il portait aux mains et au visage. Il a tenté de les cacher. Le lycéen ne dit pas grand-chose. Puis, il finit par indiquer qu'Agnès est morte. Peu avant 20h30, le procureur du Puy-en-Velay, René Pagis, est informé de la découverte du corps en partie carbonisé de la collégienne dans le bois de Peybroussou.
Samedi 26 novembre 2011, jour où Agnès Marin aurait dû fêter ses quatorze ans, ses obsèques sont célébrées à Paris. À 500 kilomètres de là, Mathieu Moulinas est interrogé par le juge d'instruction. Il raconte l'assassinat d'Agnès Marin. "Lorsqu’il est entendu la première fois, je remarque qu’il joue avec des ficelles. Ces ficelles sont les ficelles qu’il a utilisées le jour précédent pour attacher Agnès. Ces détails subliminaux nous font comprendre qu’il a un esprit plutôt particulier", se rappelle l'adjudant Olivier Dauguet dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Les enquêteurs s'interrogent sur le passé criminel chargé de Mathieu Moulinas. En août 2010, soit quinze mois avant l'assassinat d'Agnès Marin, le jeune homme, 15 ans à l'époque, avait été incarcéré pour avoir commis un viol dans son village de Nages-et-Solorgues, dans le Gard. Julie, 15 ans, avait été bâillonnée, attachée et violée avec un godemichet. Malgré la gravité des faits, Mathieu Moulinas ne reste que trois mois en détention. En effet, le pédopsychiatre de Montpellier, Claude Aiguesvives, a délivré un rapport qui lui est très favorable.
Tout au long de l'enquête, la famille d'Agnès Marin va se demander comment l'assassin de leur fille a pu atterrir au collège Cévenol. Seul cet établissement avait accepté de le scolariser. "On parle du loup dans la bergerie mais là il n'y avait pas de barrières. Il est rentré sans aucun suivi. Il y avait des jeunes filles partout. Il a d’ailleurs longtemps été avec une ado de l’établissement et avait des relations sexuelles tous les jours. Il regardait des vidéos pornographiques et pédopornographiques", précise Frédéric Perruche, correspondant RTL à Lyon.
Mardi 18 juin 2013, Mathieu Moulinas est devant la cour d'assises des mineurs de Haute-Loire, au Puy-en-Velay. L'avocate générale, Jeanne-Marie Vermeulin, prévient : "Pas question que la justice n'esquive ses responsabilités". C'est un enchaînement d'erreurs qui a permis à Mathieu d'être livré à lui-même dans une réserve de filles". Vendredi 28 juin, Mathieu Moulinas est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol de Julie et pour le viol et l'assassinat d'Agnès Marin.
Moins d'un an plus tard, la famille d'Agnès Marin annonce qu'elle poursuit l'État pour faute lourde. Pour les proches, les pouvoirs publics ont dysfonctionné. Le juge d'instruction de Nîmes est visé par la plainte. Il avait remis en liberté Mathieu Moulinas alors qu'il était incarcéré pour le viol de Julie. Trois ans plus tard, l'État sera condamné à verser 185.000 euros à la famille Marin, pour "faute lourde".
Septembre 2014, Mathieu Moulinas est rejugé pour l'assassinat d'Agnès Marin. Quand le président lui demande pourquoi il a fait appel, il répond : "J'accepte la perpétuité mais je voudrais une obligation de soins". L'accusé est à nouveau condamné à la perpétuité. Ses parents, Dominique et Sophie Moulinas sont satisfaits que l'obligation de soins soit prononcée. Mathieu Moulinas est alors incarcéré à la centrale d'Ensisheim, en Alsace, réservée aux longues peines.
- Frédéric Perruche, journaliste correspondant RTL à Lyon.
- Adjudant Olivier Dauguet, directeur d'enquête et gendarme au sein de la section de recherche d'Yssingeaux au moment des faits.
- René Pagis, procureur de la République du Puy-en-Velay.
Auteur du livre : Dans la salle des pas perdus, aux éditions De Borée.
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