Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont les derniers remparts du califat. Ils sont des milliers à avoir quitté Baghouz où est retranché l'Etat islamique, dans le sud-est de la Syrie. Ils évacuent avant l'assaut final des forces arabo-kurdes contre les djihadistes.
La photographe Laurence Geai est sur place pour le journal Le Monde.
Sur une de ses photos prise lundi dernier, une femme en niqab noir. On ne devine que ses yeux qui fixent l'objectif. Dans ses bras, une petite fille emmitouflée dans une couverture bleue, un foulard recouvre sa tête. À ses côtés, un garçonnet au regard absent, sans doute son petit frère.
Nous sommes dans le camp de Tanak, où sont triés et fouillés les civils. Laurence Geai raconte : "Ces gens qui sortent à ce moment là sont quand même considérés comme des irréductibles de l'Etat Islamique, des familles de Daesh. Mais ça reste quand même des femmes, des enfants qui sont dans la douleur. Il y a des femmes qui pleurent. Il y en a qui regrettent le califat. Ce sont des camions de bétail où il y a plein de gens dedans, pour qui l'avenir est incertain. J'ai des descriptions de Baghouz, c'est la terreur absolue. Il y a des blessés qui jonchent le sol, ils mangent de l'herbe".
Entre ces enfants aux vêtements colorés et ces femmes entièrement voilées de noir,
on trouve leurs bagages de fortune. En arrière-plan, un soldat de la coalition veille.
Au loin, les phares des 4X4 illuminent la pénombre. Les visages sont figés et sales. On y lit l'enfer et la peur.
"Ce qui est frappant ce sont les regards des enfants. Si je souris, on ne va pas me rendre le sourire. Les enfants sont épuisés. Certains sont faméliques. Beaucoup sont malades. Du coup, les visages sont inexpressifs. Ce sont des visages de tristesse. Il y a énormément d'enfants seuls, d'orphelins" décrit Laurence Geai.
Ce sont les visages les plus tristes que j'ai vus"
Laurence Geai
La photographe s'intéresse surtout à l'histoire de ces familles qui ont rejoint et ont vécu jusqu'au bout sous l'État Islamique. Laurence Geai est une habituée des terrains difficiles,
et à chaque fois, dans son travail de photo-journaliste, c'est cette part d'humanité qu'elle cherche à transmettre avec empathie : "Dans la guerre, il y a un panel d'émotions hyper large, on voit le pire et le meilleur en très peu de temps. On capte plein de choses en images dans les émotions des gens. Là ce que je capte, je trouve que ce sont les visages les plus tristes que j'ai vus. Pour moi, l'appareil photo c'est un vrai filtre à mes propres émotions. Dès qu'il y a un moment difficile, je prends une photo ça me calme. Pour moi l'appareil-photo, c'est un remède contre les larmes".
Alors comment accompagner ces enfants, cette génération sacrifiée par Daesh ? Comment juger leurs parents... Témoins et complices de l'horreur ? C'est le défi qui attend maintenant la communauté internationale.
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