"Ils peuvent avoir Rogan ou Young. Pas les deux". Malgré ses 2,4 millions d'abonnés sur Spotify et ses plus six millions d'auditeurs mensuels, Neil Young n'aura pas hésité longtemps. La légende du folk-rock aura mis le leader mondial du streaming musical au pied du mur, en retirant fin janvier sa musique de la plateforme et en invitant d'autres artistes à le suivre.
La raison de ce courroux : un podcast, le plus écouté sur Spotify, que le chanteur canadien ne veut plus voir hébergé à ses côtés chez le géant suédois. Et pour cause. "The Joe Rogan expérience" est accusé de colporter des théories du complot, de la désinformation, en particulier sur la Covid-19, tout décourageant les jeunes américains de se faire vacciner.
Inconnu en France, le podcasteur au franc parler de 54 ans est une figure médiatique bien connue outre-Atlantique et n'en est pas à son coup d'essai en matière de controverse. En 2020, Joe Rogan avait déjà reçu dans son émission le "pape" des complotistes américains, Alex Jones.
Créé en 2009, "The Joe Rogan expérience" accumule aujourd'hui 11 millions d'écoutes par épisode. Un carton pour Spotify qui a signé l'an passé avec son hôte un contrat d'exclusivité estimé à 100 millions de dollars. Le credo de Joe Rogan : une discussion à bâton rompue, à mille lieues du politiquement correct, avec des personnalités iconoclastes, récemment l'entrepreneur Elon Musk ou le rappeur Kanye West. Des scientifiques y sont aussi régulièrement conviés.
De l'autre côté de la table du studio, celui qui pose les questions, parfois déroutantes, est un ancien adepte des arts martiaux originaire du New Jersey devenu à la fin des années 1990 commentateur d'UFC (Ultimate Fighting Championship), cette ligue qui consiste à faire s'affronter sur le même ring des sportifs issus de différents sports de combat. Une discipline très prisée des millennials américains qui écoutent aujourd'hui Joe Rogan défendre la liberté d'expression et inviter à son micro "antivax" et anti-"woke".
"Ils ont une opinion différente du discours majoritaire" que je voulais entendre, a assuré Joe Rogan en affirmant être surtout "à la recherche de la vérité" et vouloir "avoir des conversations intéressantes avec des personnes qui ont des opinions différentes". Fin décembre, il a ainsi reçu Robert Malone, immunologiste décrié, assurer pendant plus de trois heures, et sans fondement, de la dangerosité potentielle de la vaccination.
En décembre déjà, 270 médecins, docteurs et professeurs avaient signé une lettre ouverte à Spotify en lui demandant de mieux lutter contre la désinformation. Face au tollé lancé par Neil Young, Spotify a annoncé dimanche de nouvelles mesures dans ce sens. Le numéro un mondial du streaming musical va désormais introduire notamment des liens dans tous les podcasts évoquant la Covid, pour guider ses utilisateurs vers des informations factuelles et scientifiquement sourcées.
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