Sénégal : un étudiant tué lors de manifestations contre le report de l'élection présidentielle

Plusieurs manifestations ont eu lieu à travers le Sénégal, à Dakar ainsi que dans d'autres villes du pays, pour dénoncer le report de l'élection présidentielle et le pouvoir du président Macky Sall. A Saint-Louis, les affrontements entre la police et les manifestants ont fait un mort.

L'étudiant en licence de géographie décédé, Alpha Yoro Tounkara, était "non seulement un brillant étudiant, mais aussi un camarade aimé et respecté", écrit le président du club de géographie de l'université Gaston Berger, où le jeune homme étudiait. "Sa présence chaleureuse et son enthousiasme contagieux manqueront à tous ceux qui ont eu la chance de le connaître".

Sa mort a été confirmée à l'AFP par un employé d'un hôpital des alentours. Aucun bilan n'a pour l'heure été communiqué par les autorités.

Le report de l'élection présidentielle plonge le Sénégal dans la crise

Cette mobilisation sur tout le territoire sénégalais est la première contestation d'ampleur depuis le report du scrutin présidentiel, qui a ouvert une grave crise politique au Sénégal.

Samedi 3 février, le président du Sénégal, Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé le report de l'élection présidentielle prévue le 25 février. C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, pays présenté comme un îlot de stabilité en Afrique. Le Parlement sénégalais a approuvé le 5 février le report de l'élection de six mois : elle devrait se tenir le 15 décembre 2024. 

Jusque-là, le président actuel du pays, Macky Sall, restera au pouvoir. Le vote s'est tenu dans la nuit, et les députés de l'opposition qui faisaient obstruction ont été évacués manu militari par la gendarmerie.

A Dakar vendredi, la police a fait un usage abondant de gaz lacrymogènes pour disperser les centaines de personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place de la Nation. Les manifestants ont riposté en lançant des pierres et en érigeant des barricades avec des objets de fortune.

Selon Reporters sans Frontières, au moins cinq journalistes ont été ciblés par les policiers lors des manifestations de Dakar vendredi. Une journaliste a été brutalement interpellée puis hospitalisée suite à un malaise, selon l'ONG. Un autre a été frappé.