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Sénégal : pourquoi le pays est-il en pleine crise politique ?

Lundi 5 février, l'Assemblée nationale du Sénégal examine un texte qui devrait permettre le report de l'élection présidentielle, initialement prévue le 25 février.

Au Sénégal, des manifestants se sont rassemblés devant l'Assemblée nationale, lundi 5 février 2024.
Crédit : JOHN WESSELS / AFP
Caroline Frühauf & AFP
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Samedi 3 février, le président du Sénégal, Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé le report de l'élection présidentielle prévue le 25 février. Il a pris cette décision en raison d'un "conflit ouvert" entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, "sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges", a-t-il expliqué.


Le président a indiqué que le Sénégal ne pouvait pas "se permettre une nouvelle crise" et a annoncé "un dialogue national" pour "une élection libre, transparente et inclusive", tout en réaffirmant qu'il ne serait pas candidat à cette élection.


En janvier, le Conseil constitutionnel a validé 20 candidatures pour l'élection présidentielle, un record. Il a exclu des prétendants du scrutin, dont deux ténors de l'opposition, Ousmane Sonko, candidat antisystème emprisonné depuis juillet 2023, notamment pour appel à l'insurrection ; ainsi que Karim Wade, ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).

Selon la Constitution, tout candidat à l'élection présidentielle "doit être exclusivement de nationalité sénégalaise". Karim Wade, 55 ans, est né en France d'un père sénégalais et d'une mère française. Il a été exclu du scrutin en raison de sa double nationalité. 

Une commission d'enquête parlementaire créée

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Après la publication de la liste des candidats, la coalition de Karim Wade a initié la création d'une commission d'enquête parlementaire sur deux des sept juges du Conseil, dont elle met en cause l'intégrité. L'Assemblée nationale a approuvé le 31 janvier la formation de cette commission sur la validation des candidats. Plusieurs membres du camp présidentiel ont voté pour cette commission.

Samedi 3 février, le bureau de l'Assemblée nationale a adopté une proposition, à l'initiative de la coalition de Karim Wade, pour un "report de six mois maximum" de la présidentielle. 

C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, pays présenté comme un îlot de stabilité en Afrique. Lundi 5 février, les députés sénégalais ont entamé l'examen d'un texte qui permettrait de reporter la présidentielle, ce qui a causé des heurts devant l'Assemblée nationale

La présidentielle repoussée de six mois ou un an

Les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des groupes qui essayaient de se rassembler devant l'Assemblée à l'appel de l'opposition. La décision de Macky Sall de reporter l'élection présidentielle est dénoncée par ses détracteurs comme un "coup d'État constitutionnel". Elle a causé un tollé parmi les candidats qualifiés, et dans la société civile.


Des premiers rassemblements ont été réprimés, dimanche 4 février. Parmi les personnes interpellées, la candidate Anta Babacar Ngom et l'ancienne Première ministre Aminata Touré, qui ont finalement été relâchées. L'internet des données mobiles a été coupé au Sénégal. Le ministère des Télécommunications a invoqué la diffusion de "messages haineux et subversifs" sur les réseaux sociaux. 

Le texte examiné par les députés propose de repousser la présidentielle de six mois ou un an, à février 2025, selon le contenu du texte distribué en séance et soutenu par le camp présidentiel. L'approbation requiert une majorité des trois cinquièmes des 165 députés. Elle n'est pas acquise.

Les partenaires internationaux inquiets

La situation du Sénégal suscite l'inquiétude à l'étrangerLa Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'Union africaine, les États-Unis, l'Union européenne, la France, partenaires importants du Sénégal, ont demandé de travailler à une nouvelle date, et ont appelé au dialogue entre les acteurs de la crise.

Une nouvelle crise au Sénégal est redoutée. Le pays en a déjà connu en mars 2021 et juin 2023. Elles avaient causé des dizaines de morts et conduit à des centaines d'arrestations. Le flou maintenu pendant des mois par le président Sall sur une nouvelle candidature en 2024 avait contribué aux crispations. Il avait finalement annoncé en juillet 2023 qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.

L'opposition dénonce cependant une dérive autoritaire du pouvoir. Avec l'ajournement de la présidentielle, elle soupçonne un plan pour éviter la défaite inévitable selon elle du camp présidentiel, voire pour prolonger la présidence Macky Sall, malgré son engagement réitéré de ne pas se représenter. Le candidat du camp présidentiel, le Premier ministre Amadou Bâ, est également contesté dans ses propres rangs et fait face à des dissidences.

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