C'est une véritable catastrophe humanitaire en Birmanie, après le séisme qui a fait plus de 1.600 morts dans le pays, depuis vendredi 28 mars. Mais le bilan continue de s'alourdir tant les dégâts sont considérables dans ce pays touché par une guerre civile depuis quatre ans.
Même deux jours après, il est encore difficile de se rendre compte de l'étendue des dégâts, les communications ayant été endommagées par le tremblement de terre. "La situation est difficile à évaluer", juge Bénédicte Brac de La Perrière, chercheuse au CNRS et membre du centre Asie du Sud-Est, qui remet en perspective la situation politique du pays, déchiré entre un gouvernement militaire dirigé par Min Aung Hlaing depuis 2021 et les forces de résistance qui répondent à un gouvernement en exil.
"Ce que l'on a vu des images qui nous parviennent des deux villes de cette zone, Mandalay et Naypyidaw, ne dit rien de la zone centrale de Birmanie qui est sans doute touchée très largement", poursuit l'experte.
Bénédicte Brac de La Perrière indique ne pas avoir de contacts avec des personnes présentes sur place, si ce n'est à Rangoun, la capitale administrative, où la situation est "calme". "Dans ce que l'on voit, la zone la plus touchée est dévastée, le bâti est dévasté, plus de 80 pagodes ont été détruites", poursuit-elle.
"Et pour ce qui est des pertes humaines, les 1.600 paraissent bien en deçà des pertes réelles, mais à ce stade, c'est normal", craint la chercheuse.
Le principal défi désormais est d'acheminer le plus rapidement et le plus efficacement possible l'aide humanitaire. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé avoir déclenché son système de gestion des urgences. Des pays comme la Chine, la Thaïlande, l'Inde ou Hong Kong ont également indiqué envoyer des renforts et du matériel. L'Union européenne a, de son côté, débloqué 2,5 millions d'euros d'aide d'urgence initiale et a indiqué qu'elle allait évaluer les besoins sur le terrain avant de mobiliser davantage de moyens.
Mais comment acheminer de l'aide sans qu'elle soit accaparée par la junte ? "C'est un problème", reconnaît Bénédicte Brac de La Perrière, selon qui l'enjeu est double. "L'aide et l'acheminement de cette aide supposent des négociations avec un certain nombre d'acteurs, à commencer par le gouvernement militaire qui, par rapport aux catastrophes précédentes, se démarque par un appel à l'aide", explique-t-elle. En 2008, il avait, dans un premier temps, interdit l'entrée de l'aide après le passage du cyclone Nargis. "On peut supposer qu'il y ait des enjeux pour la junte de se rapprocher des pays qui peuvent apporter de l'aide."
Ensuite, "le gouvernement en exil doit faciliter l'acheminement de l'aide et c'est un test pour sa gouvernance", développe la chercheuse au CNRS. "On a entendu très récemment qu'il annonçait un accord de cessez-le-feu dans les zones touchées par le tremblement de terre. Donc, on peut penser qu'il va y avoir des aménagements possibles. Reste à savoir s'ils vont être appliqués et quelle sera la réalité sur le terrain", tempère-t-elle.
Mais qu'importent les difficultés, il est primordial que l'aide arrive dans les zones touchées, assure-t-elle. "C'est indispensable. Ces zones étaient déjà sujettes à des dévastations dues à la guerre avec un nombre de déplacés important pour qui la question de la faim se posait déjà."
Car désormais, le risque de famine est important. "Les infrastructures sont détruites. On voit les routes, les chemins de fer qui sont vraiment endommagés", énumère-t-elle, citant également le pont majeur de Myawaddy, qui relie le Myanmar et la Thaïlande. "La situation était déjà très fragile. Alors le risque de famine dépendra de l'ampleur de l'aide internationale et de la manière dont elle arrive à être distribuée", conclut Bénédicte Brac de La Perrière.
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