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Russie : comment fonctionne le "système Poutine" ?
LE MAÎTRE DU KREMLIN (2/7) - Arrivé au pouvoir en mai 2000, Vladimir Poutine emmène avec lui sa garde rapprochée. Un cercle de fidèles constitué d'amis d'enfances, d'anciens du FSB et de la mairie de Saint-Pétersbourg.
Ils sont au fondement même du pouvoir russe. Depuis le début du conflit Ukrainien, les oligarques proches du dirigeant russe sont les premiers visés par les sanctions économiques occidentales. L'objectif est clair : fragiliser le régime de Moscou, et le système Poutine. Un système dont la mise en place remonte à la chute du régime soviétique.
À l'époque, au début des années 1990, le futur maître du Kremlin, qui a fait ses classes au KGB, sait se tisser un réseau d'influence à la mairie de Saint-Pétersbourg sa ville natale. Entre entrepreneurs, pègre locale et amis d'enfance, le système Poutine commence là, "Poutine, tout en nouant de nouveaux contacts, reste également fidèle à ses amis de jeunesse", expliquait dans notre podcast Focus, la spécialiste du monde russe et post-soviétique Galia Ackerman. "Qu'en principe, rien ne prédestinait à devenir des gens très importants ni très riches, comme ces anciens copains de judo".
"Ce sont des copains qui n'étaient pas dans le jeu politique d'emblée", poursuit-elle. "C'est-à-dire que leur fidélité ne va pas à un groupe, leur fidélité ne va pas à un parti, leur fidélité va à un seul homme : Poutine. Et Poutine les récompenses au delà de toute une machination". Ces fidèles de la première heure, "on les retrouve encore (aujourd'hui) dans son entourage. Ils sont tous multimillionnaires, parfois milliardaires"
L'enrichissement au cœur du système
Cette fortune, cet enrichissement considérable concentré entre les mains de ses proches, pour la politologue Marie Mendras, professeur à Sciences Po, chercheur au CNRS, et auteure du livre L'Envers du pouvoir (éditions Odile Jacob), c'est le cœur même du système Poutine. "La corruption, l'enrichissement commence certainement pour nombre d'entre eux, déjà à la fin de l'époque soviétique. Et ça va être 'marche toute' à Saint-Pétersbourg, dès 1990-1991, quand Poutine atterrit à la nouvelle mairie", raconte-t-elle.
"C'est là que tout commence", ajoute-t-elle, "puisqu'on entre dans la grande période de privatisations des entreprises et du patrimoine soviétique. Et ce sera le rôle notamment de Poutine (à la mairie de Saint-Pétersbourg). Et c'est là qu'il va construire vraiment sa garde rapprochée, à partir à la fois d'anciens camarades d'enfance, d'anciens camarades du KGB, mais aussi ceux avec lesquels il va travailler à Saint-Pétersbourg. Et ils vont mener les privatisations et s'enrichir considérablement".
Au-delà d'un clan, "ce sont des des hommes qui, petit à petit, finalement travaillent ensemble pour capturer les institutions publiques les organes des administrations. Capturer les grandes entreprises en voie de privatisation", insiste-t-elle.
Une "verticale du pouvoir"
"Tous les ingrédients sont là, en mai 2000", ajoute Marie Mendras. "Tous les ingrédients du régime, non seulement autoritaire, mais malhonnête, corrompu et violent. Tous les ingrédients sont là", quand Poutine est élu pour la première fois président de la Fédération de Russie.
Arrivé au Kremlin, le successeur désigné de Boris Eltsine, emmène avec lui sa garde rapprochée. On y retrouve des anciens de la mairie de Saint-Pétersbourg, des amis d'enfance, mais aussi des anciens du FSB, des services de sécurité, de l'armée...
Pourtant, malgré cet aéropage qui l'entoure et le conseil, c'est bien seul que Vladimir Poutine dirige.
"Depuis qu'il est au pouvoir, il a construit un système qu'il appelle lui même 'verticale du pouvoir', explique Galia Ackerman. "C'est-à-dire lui est au sommet d'une pyramide. Et cette pyramide, dont l'ossature est constituée de fidèles, descend et pénètre comme les racines d'un arbre pratiquement tout l'appareil étatique, l'armée, les services secrets, etc..."
L'avènement des "Silovarques"
Vingt-deux ans après son arrivée au pouvoir, ceux que l'on nomme les "Silovarques" seraient désormais plus influents que les Oligarques eux-mêmes. Occupants les postes-clés autour du maître du Kremlin, ils forment un cercle restreint composé d'une demi-douzaine d'hommes, qui dirigent l'armée et les différents services de renseignements russes. Le successeur de Poutine compterait même parmi ses membres.