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Boris Johnson, le 29 octobre 2019
Crédit : AFP PHOTO / UK PARLIAMENT / Jessica Taylor
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Le Royaume-Uni est à la recherche de candidats "bizarres et curieux" pour réformer l'État. Et Emmanuel Macron aurait intérêt à s'inspirer de cette initiative. Le Royaume-Uni a exactement les mêmes caractéristiques que la France : une haute administration brillante, cultivée, souvent arrogante, et parfois ignorante des réalités. Des cerveaux qui n'en font qu'à leur tête, avec comme chez nous l'idée qu'un ministre, ça ne dure pas, et qu'il n'y a donc pas besoin de lui obéir.
Ce n'est bien sûr pas l'ENA qui forme cette élite, mais son équivalent anglais, qu'on appelle "Oxbridge", une contraction de Oxford et Cambridge, les deux universités les plus prestigieuses du pays.
Les Oxbridge ont littéralement colonisé Whitehall, c'est une rue de Londres où siègent plusieurs ministères. Au point que règne dans l'administration de Sa Majesté une sorte de pensée unique. En particulier sur le Brexit. Ces hauts fonctionnaires ne veulent pas quitter l'Europe. Alors que le mandat du gouvernement est au contraire de réussir le Brexit.
Johnson a missionné son bouledogue, un conseiller qui s'appelle Dominic Cummings, pour mener à bien la révolution managériale. Et voilà que Cummings a publié, il y a trois jours, un long post sur son blog. Un texte édifiant, qui est une sorte d'appel à candidatures. Mais très particulier. Il dit vouloir recruter, je cite, des "cinglés et des désaxés" avec des talents inhabituels".
Il veut des experts en gestion de données, des spécialistes de la psychologie collective et des sciences cognitives, des physiciens, des mathématiciens, des développeurs de logiciel, des économistes non conventionnels, en particulier ceux qui auraient travaillé sur les failles des modèles économiques standard.
"Si l'on eut comprendre Poutine ou savoir comment les mafias peuvent exploiter les failles de nos frontières", écrit-il, "on n'a pas besoin de diplômés d'Oxbridge qui parlent de Lacan en dînant avec des producteurs de la télé. Il faut de la diversité intellectuelle, et non pas de la diversité blabla sur le genre ou l'identité", affirme-t-il.
Le modèle du fonctionnement de son administration, dit-il, c'est le Pentagone des années 1950 et 1960, pour la gestion du projet Manhattan, qui a réussi à doter l'Amérique de l'arme nucléaire à une vitesse record, et le programme Apollo, qui a permis de marcher sur la lune.
Des structures antibureaucratiques, transversales, bousculant les hiérarchies traditionnelles. Et il insiste également sur la capacité de travail - c'est un leitmotiv des conservateurs au Royaume-Uni, les fonctionnaires ne travaillent pas assez, ils ne sont pas assez engagés dans leur travail. Il prévient ainsi son futur assistant que cela ne lui sera pas facile d'avoir un ou une petite amie, tant la charge de travail sera lourde.
Le recrutement sera assez simple. Il a donné une adresse mail, en demandant une lettre d'une page maximum et un CV. "Tout le monde sera reçu, dit-il, et sélectionné. Et si ça ne pas va, prévient-il encore les candidats seront virés très rapidement."
Ainsi, la France aurait peut-être intérêt à appliquer ces méthodes. Emmanuel Macron lui-même se plaignait il y a quelques mois de l'"état profond", qui vit et prospère en France, indifférent aux changements politiques. S'il avait fait des recrutements plus atypiques, peut-être n'aurait-il pas conçu une réforme des retraites magnifique sur le papier, mais aussi difficile que coûteuse à appliquer.
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