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Pourquoi le Brexit menace l’unité du Royaume-Uni

ÉCLAIRAGE - La victoire de Boris Johnson aux législatives, ouvrant la voie au Brexit fin janvier, le confronte paradoxalement au risque de voir vaciller l'unité du Royaume, entre velléités indépendantistes écossaises et aspiration à une Irlande réunifiée.

Les drapeaux anglais et écossais entourant celui du Royaume-Uni
Les drapeaux anglais et écossais entourant celui du Royaume-Uni
Crédit : Andy Buchanan / AFP
Thomas Pierre & AFP

Et si le large succès de Boris Johnson dans les urnes n'était qu'une victoire à la Pyrrhus ? Quasiment assuré de voir le Parlement ratifier son accord, le Premier ministre britannique pourrait bien obtenir le Brexit, mais au prix de grands sacrifices. Car derrière l'application du choix des Britanniques lors du référendum de 2016, c'est l'unité du Royaume qui est en jeu. 

Le premier tribut considérable à payer pour Londres pourrait se jouer du côté d'Édimbourg. Farouchement opposée au Brexit, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a réaffirmé vendredi sa détermination à obtenir un nouveau vote populaire, six ans après un premier référendum, où 55% des Écossais avaient décidé de rester sous la couronne britannique.

Aux législatives jeudi, les indépendantistes de son parti, le SNP, ont remporté 48 sièges (sur 59 circonscription écossaises) à la Chambre des communes, soit 13 députés de plus que lors des dernières législatives de 2017. Peu après l'annonce des résultats, Nicola Sturgeon a estimé que ce scrutin laisse l'Écosse et le reste du Royaume-Uni sur des "chemins divergents". 

L'Écosse vers un second référendum ?

L'énergique dirigeante écossaise estime que "Boris Johnson a obtenu avec cette élection un mandat pour sortir l'Angleterre de l'Union européenne", mais pas l'Écosse. Le succès du SNP lui confère "un mandat renouvelé", "renforcé", pour offrir aux Écossais le "choix" de leur avenir, a-t-elle dit.

Elle a annoncé qu'elle reviendrait rapidement à la charge en plaidant pour un transfert des pouvoirs qui permettrait aux Écossais de décider eux-mêmes s'ils veulent organiser une consultation sur cette question. Sauf que Boris Johnson a déjà exclu d'offrir à l'Écosse un deuxième référendum

Mais, ce refus ne signe pas "la fin de l'affaire", a averti dimanche sur la BBC Nicola Sturgeon, soulignant que l'Écosse, qui avait voté à 62 % en 2016 pour rester dans l'Union européenne, "ne peut être enfermée dans le Royaume-Uni contre sa volonté".

Les Écossais plus favorables qu'en 2014

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Les velléités indépendantistes de l'Écosse en rappelle d'autres. Selon Patrick Dunleavy, professeur de science politique à la London school of economics (LSE), si le SNP remporte largement les élections au Parlement écossais en 2021 "ce sera très difficile" pour le gouvernement de Westminster de "suivre la route du gouvernement espagnol" contre la volonté d'indépendance des Catalans. 

"Je pense qu'on se dirige vers un clash constitutionnel, mais pas avant 2021", a-t-il déclaré. A cette date, "nous serons hors de l'Union européenne", "ce sera difficile pour Boris Johnson de résister, malgré ce qu'il dit", a quant à lui souligné Simon Hix, également professeur de science politique à la LSE.

En 2014, l'un des arguments du maintien dans le Royaume-Uni était qu'en cas de scission, les Écossais perdraient les avantages de l'appartenance à l'Union européenne. Deux ans plus tard, lors du référendum de juin 2016 sur le Brexit, 62% des Écossais ont voté contre le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, là où l'ensemble du Royaume-Uni a voté pour le Brexit à 52%.

Vers une réunification de l'Irlande ?

Mais le Brexit change la donne également dans un autre coin du Royaume. Le scrutin pourrait en effet donner un nouveau souffle aux aspirations à la réunification de l'Irlande, divisée entre la province britannique du Nord, qui a voté contre le Brexit, et la république d'Irlande, membre de l'Union européenne.

Pour la première fois depuis la partition de l'Irlande en 1921, les nationalistes ont décroché plus de sièges à Westminster que les partisans d'un maintien dans la couronne. 

Le petit parti unioniste DUP, avec lequel les conservateurs avaient dû s'allier pour réunir une majorité perdue lors des législatives anticipées de 2017, compte désormais huit députés après la perte de deux sièges, dont celui de son leader à la Chambre des communes, le très emblématique Nigel Dodds.

Le scrutin prouve qu'il "n'y a pas d'assentiment et pas de mandat pour le Brexit dans le Nord de l'Irlande", a déclaré à la radio publique RTE la cheffe du Sinn Fein Mary Lou McDonald, dont le parti milite pour la réunification. Pour Simon Hix, de la LSE, "les sondages donnent une courte majorité en faveur de l'union" des deux Irlandes. "On verra peut-être l'indépendance irlandaise, mais ce sera très long."

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