Qui est Viktor Bout, le marchand d'armes échangé contre la basketteuse Brittney Griner ?

Elle était en quelque sorte une otage d'État au cœur des tensions entre Moscou et Washington. Après neuf mois de détention en Russie, la star américaine du basket, Brittney Griner, a été libérée et c'est Joe Biden qui l'a annoncé dans l'après-midi du 8 décembre.
"Elle est en sécurité. Elle est en route pour la maison", a dit le président américain.

Brittney Griner avait été arrêtée pour possession d'huiles de cannabis qu'elle vapotait. C'est interdit en Russie. Elle a donc été échangée contre le plus célèbre marchand d'armes du monde. 

Sur l'aéroport d'Abou Dhabi, comme dans les films ou les séries, Brittney Griner et Viktor Bout sont passés l'un devant l'autre sur le tarmac, sous le regard d'officiels des deux camps. Le prince saoudien Mohammed Ben Salman aurait joué un rôle d'intermédiaire important. 

Chaque prisonnier est monté dans un avion, l'un vers la Russie, l'autre direction San Antonio, au Texas, où la double championne olympique va passer des examens médicaux et être débriefée par les services de renseignement. Brittney Griner avait récemment été transférée dans une colonie pénitentiaire russe. C'est donc un soulagement pour ses proches et pour beaucoup d'Américains. 

Un déséquilibre assumé

Il y a un contraste étonnant entre les profils des deux prisonniers échangés. D'un côté, un peu d'huile de cannabis, de l'autre, un "marchand de mort", c'est son surnom. Le parcours de Viktor Bout a été retracé par Nicolas Cage dans le film Lord of War, le seigneur de la guerre. Ancien officier de l'armée de l'air, il a armé des belligérants dans le monde entier : le Libérien Charles Taylor ou le Libyen Mouammar Kadhafi. Quand il est arrêté en Thaïlande en 2008, sa fortune est estimée à 6 milliards de dollars. 

Cet échange est clairement déséquilibré, choquant, d'autant que Moscou n'a pas voulu libérer Paul Whelan, un ancien marine américain accusé d'espionnage depuis 2018. Mais Joe Biden savait sans doute qu'il n'obtiendrait rien de plus d'un Poutine enfermé dans ses logiques guerrières.