"Que peut-on faire devant des drames comme ça ?" : la détresse en Birmanie après le séisme

Le 28 mars 2025, un puissant séisme a frappé la Birmanie, causant des destructions massives et un bilan humain tragique. Les opérations de secours se poursuivent dans un contexte politique et logistique complexe.

Un violent séisme a frappé la Thaïlande et la Birmanie le 28 mars 2025.

Crédit : Lillian SUWANRUMPHA / AFP

Le Mag du 29 mars 2025

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Le séisme a laissé la Birmanie dans un état de choc, avec un bilan provisoire de 1644 morts et plus de 3400 blessés. À Mandalay, des centaines de bâtiments, y compris des infrastructures essentielles comme des lycées et des temples bouddhistes, se sont effondrés.

Les habitants font face à une situation désespérée, les opérations de secours sont extrêmement complexes, alors que les décombres continuent de révéler l'ampleur des destructions. Ce samedi 29 mars, 90 personnes seraient toujours piégées dans les décombres d'un immeuble de 12 étages (la durée de vie dans les décombres est estimée à 72 heures).

Un miracle s'est produit ce samedi après-midi lorsque, après 30 heures, une femme de 30 ans a été extraite vivante d'un immeuble effondré. Allongée sur une civière, une vingtaine de sauveteurs l'entourent, certains équipés sommairement. Un casque, des tongs, les yeux fermés, recouverte de poussière. La victime est rejointe par son mari. Il lui tient la main au milieu de la foule, sous les applaudissements, avant de l'accompagner jusqu'à l'ambulance.

"Un contexte politique très complexe"

Christophe, un français, habite à Rangoun depuis 30 ans, c'est plus au sud de l'épicentre. "L'urgence immédiate, c'est d'essayer de sortir le plus grand nombre de survivants des décombres. Et puis derrière, ça va être la reconstruction, les tours de télécommunications qui se sont effondrées, les routes à refaire. Les routes ont été touchées, notamment l'autoroute entre Yangon et Mandalay." Et de poursuivre : "Qu'est-ce qu'on peut faire devant des drames comme ça ? Il faut reconstruire."

Ce samedi matin, un premier avion est arrivé d'Inde avec des kits d'hygiène, des couvertures, de la nourriture. 82 secouristes chinois sont également arrivés. Les Etats-Unis, l'Irlande, la Malaisie ont également promis une aide humanitaire. "Mais ce n'est pas simple sur place", explique Philippe Besson, président de l'ONG Pompiers de l'Urgence Internationale, sur un plan logistique déjà. "Il faut d'abord atterrir dans un aéroport situé à 6 heures de route de l'épicentre. Les routes, justement, elles sont complètement détruites par endroits déformés, sans oublier le contexte politique sur place très complexe."

Un pays encore en guerre, avec le coup d'état militaire de 2021. Et depuis, un pays sous dictature avec une guerre civile, des combats les plus intenses touchant l'épicentre de ce séisme. "La région de Sagaing, depuis de nombreux mois, est complètement coupée du reste de la Birmanie. Internet n'est pas accessible ou très peu accessible dans cette région", indique Chloé Bayes, doctorante spécialisée de la Birmanie.

"C'est pourquoi la majorité des images provient de la ville de Mandalay, mais on a encore très peu d'informations sur ce qui se passe en ce moment à Sagaing. Et puis, il y a une loi qui a été mise en place de cybersécurité. Pour aller sur Facebook, il faut mettre un VPN pour détourner cette règle gouvernementale", complète-t-elle.

"Ce sont pas les séismes qui tuent les gens, mais les bâtiments qui s'effondrent"

De nouvelles répliques se font déjà sentir. "On a enregistré environ une vingtaine de magnitudes supérieures à 4 depuis le séisme. Il va y en avoir pendant des semaines et probablement des mois. Si on compare avec le séisme qu'il y a eu en Turquie en février 2023, qui était d'une magnitude équivalente, ça a duré quasiment un an. Et même aujourd'hui, on a de temps en temps des répliques encore dans la zone", souligne le sismologue Rémi Bossu.

"C'est vraiment quelque chose qui va durer, qui va s'étaler sur la durée pour ces répliques", ajoute-t-il. Rappelant que "ce ne sont pas les séismes qui tuent les gens, mais les bâtiments qui s'effondrent. C'est pourquoi quand vous avez un séisme pendant la nuit, le nombre de victimes est beaucoup plus important que si vous avez le séisme au même endroit pendant la journée."

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