Les arbres aussi ont leur épidémie. C'est même une véritable "crise sanitaire" qui a été déclarée pour la forêt de Montmorency, dans le Val-d'Oise. Dans cette forêt d'environ 2.000 hectares, les châtaigniers font face à la maladie de l'encre. Une maladie foudroyante, qui tue l'arbre "en deux, trois mois", explique à l'AFP Michel Béal, directeur de l'agence territoriale Ile-de-France Ouest de l'Office national des forêts (ONF).
L'épidémie sévit aussi dans d'autres forêts de France, dans les Pays de la Loire ou en Dordogne notamment. Elle attaque les racines des arbres et se nourrit de ses tissus vivants. L'arbre nécrose, augmentant le risque de chute. Or, dans une forêt comme Montmorency, fréquentée par près de cinq millions de promeneurs par an, ce risque ne peut pas être négligé. L'ONF doit donc couper les arbres : elle s'est fixé un objectif de 40 hectares de coupes rases par an, dans différentes parties de la forêt.
La maladie de l'encre a explosé ces dernières années. Nom du coupable : phytophthora. Ce pathogène venu d'Asie était présent en France à l'état latent depuis le milieu du XIXe siècle. C'est une espèce microscopique, entre le champignon et l'algue. Il peut aussi contaminer d'autres végétaux, comme la vigne, le pommier ou les cactus. Mais seuls les châtaigniers développent la maladie de l'encre.
C'est le changement climatique qui a accéléré le problème. Selon Michel Béal, il y a un "cocktail" météorologique favorable à la prolifération du phytophthora : l'absence "d'hiver très froid", des "printemps doux et pluvieux", et des "étés secs" qui assoiffent les arbres aux racines déjà défaillantes.
La maladie de l'encre est compliquée à observer, en raison de la petite taille du phytophthora. Pour voir quels arbres sont contaminés, il faut regarder les cimes : les châtaigniers malades produisent des feuilles plus petites, vert pâle. Certains sont même dépourvus de feuillage. "Sentant leur fin arriver", ils produisent aussi de petites châtaignes car "ils fructifient quand ils ont un stress", explique le directeur de l'ONF.
Pour l'instant, "la forêt de Montmorency est la seule d'Ile-de-France a être classée en crise sanitaire par l'ONF depuis 2018", explique Michel Bréal. Le plan de gestion habituel n'y est donc plus applicable, et les forestiers sont "débordés", ajoute-t-il.
La seule solution à l'heure actuelle, c'est d'abattre les arbres malades. Ils sont coupés autour de leur cinquantaine, soit la moitié de leur espérance de vie normale. Les parcelles à raser sont repérées grâce à des photos aériennes et au repérage des forestiers sur le terrain. Si la pourriture n'est pas trop importante, son bois pourra être recyclé. Il peut servir de bois de chauffage, pour faire des piquets de clôture, du parquet ou encore des meubles.
Au début des opérations de coupe, des "îlots paysagers" avaient été conservés, de manière à ne ne pas susciter l'inquiétude des promeneurs. Mais depuis que la maladie a pris de l'ampleur, les forestiers ont dû augmenter la surface des parcelles d'arbres à abattre. En attendant de meilleures solutions, l'ONF travaille sur le sujet avec le ministère de l'Agriculture et des scientifiques de l'INRAE (Institut national de recherche en agriculture, alimentation et environnement).
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