Pourquoi les parents ne veulent-ils plus avoir de garçons ?

Il s'agit d'un basculement démographique majeur : de plus en plus de parents préfèrent avoir des filles plutôt que des garçons.

Quelque chose est en train de changer dans le choix des parents. Des femmes enceintes postent des vidéos de "gender disappointment". Avec leurs millions de vues, ces contenus décrivent la tristesse d'attendre un garçon et pas une fille. Ce phénomène mondial est abordé dans l'hebdomadaire britannique The Economist.

Des filles plutôt que des garçons, cette tendance est à l'inverse de ce qui se faisait par le passé. Les rois exigeaient un héritier mâle pour transmettre leur couronne. Les paysans voulaient un fils pour cultiver la terre, les chefs d'entreprise pour reprendre l'affaire familiale, le nom, l'honneur, le pouvoir. 

De nombreux parents en Chine n'hésitaient pas à avorter dès l'annonce d'un genre féminin à l'échographie. 

Les parents désormais plus enclins à élever des filles

On a vidé des berceaux des millions de petites filles qui ne sont pas nées. Au moins 50 millions de filles ont été effacées avant d'exister depuis 1980 parce que ce n'était pas "le bon sexe", d'après les estimations du magazine. 

Dans les années 90, en Corée du Sud, il naissait 130 garçons pour 100 filles. Une génération entière d'hommes seuls, sans compagne, sans avenir familial, sans équilibre social. Désormais, les choses changent radicalement, pas chez les bobos parisiens, mais dans les sociétés historiquement patriarcales.

Elles changent en Chine, en Inde, au Vietnam, au Nigeria, au Mexique, même aux États-Unis. En Chine, des cliniques de fécondation in vitro enregistrent davantage de demandes pour avoir une fille. Aux États-Unis, d'après une étude de l'université de Cornell, quand le premier enfant est une fille, les parents sont beaucoup moins enclins à lancer le deuxième, alors qu'avant c'était exactement l'inverse. 

C'est pareil en Scandinavie, au Portugal, en Lituanie, aux Pays-Bas, en Tchéquie. En France néanmoins, il n'y a pas de données disponibles pour confirmer cette tendance.

Ce qui explique ce retournement

Ce ne sont pas des caprices culturels et des effets de mode, mais plutôt, d'après The Economist, une mutation profonde. Les filles réussissent mieux à l'école, elles obtiennent plus de diplômes, elles gagnent en autonomie, elles sont perçues comme plus stables, plus fiables, et surtout, elles restent proches de leurs parents, elles s'occupent d'eux quand ils vieillissent. 

Dans des pays où il n'y a ni retraite ni sécurité sociale, ça compte. Autre élément avancé par l'hebdomadaire, beaucoup de couples pensent qu'élever un garçon, c'est plus risqué. Plus de tentations, plus de délinquances, plus de casse sociale. Alors que les filles font moins peur. 

Ce n'est pas seulement un choix idéologique, c'est un calcul pragmatique, une sorte d'instinct de survie familiale qui s'est totalement inversé. Ce qui était vu comme un handicap devient un atout. Le garçon roi est en train de tomber de son trône et c'est une fille qui est en train de s'y asseoir.

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