Pourquoi la Suisse reste-t-elle une cible des terroristes ?
DÉCRYPTAGE - Comme partout en Europe, "la menace terroriste en Suisse reste élevée", selon un rapport de renseignements publié fin octobre.

La Suisse rattrapée par le terrorisme ? Une jeune femme de 28 ans a attaqué mardi 24 novembre deux personnes, dont l'une au couteau, dans un supermarché à Lugano, dans le canton du Tessin (sud). L'auteure de l'attaque, qui a grièvement blessé une femme et plus légèrement une autre, "est connue de @FedpolCH par une enquête policière en 2017 en lien avec le djihadisme", a twitté la police fédérale, sans donner plus de précision.
Dès mardi, la police régionale avait évoqué une possible "motivation terroriste". Selon les premiers éléments de l'enquête, l'assaillante a tenté d'étrangler de ses mains nues l'une des deux femmes et blessé la deuxième au cou avec un couteau. D'autres clients de la grande surface ont réussi à maîtriser la jeune femme.
En charge de l'enquête, la police fédérale a annoncé parallèlement l'ouverture d'une procédure pénale. "Cette attaque ne me surprend pas", avait déclaré mardi soir sa directrice, Nicoletta della Valle, soulignant que ce genre d'attaques survenait partout dans le monde. "La situation est extrêmement grave", selon le chef du gouvernement tessinois Norman Gobbi, qui part du principe que la femme s'est radicalisée, rapporte l'agence ATS.
Un menace montante ?
L'agression fait écho à une autre affaire de ce type, à savoir le meurtre à l'arme blanche d'un ressortissant portugais de 29 ans, commis à Morges dans l'est de la Suisse le 12 septembre dernier. Le cas fait actuellement l'objet d'une enquête dans un cadre terroriste présumé.
Début novembre déjà, quatre personnes avaient été tuées et plusieurs autres blessées dans un attentat à Vienne. A l'origine de cette attaque, un "sympathisant" de l'Etat islamique qui avait tenté de rejoindre la Syrie. Deux Suisses de 18 et 24 ans avaient été arrêtés près de Zurich après l'attentat. La raison ? Ils avaient des liens avec l'auteur de l'attaque et étaient connus des autorités suisses dans le cadre de procédures pénales liées au terrorisme.
"La menace terroriste en Suisse reste élevée"
La Confédération Helvétique n'a pas connu d'attaques d'extrémistes jihadistes d'envergure, comme cela a pu être le cas en France. Pourtant, "la menace terroriste en Suisse reste élevée", selon le rapport annuel du Service de renseignement publié fin octobre. "Aux yeux des djihadistes, la Suisse fait certes partie des cibles d’attentats légitimes, mais elle ne constitue pas une priorité", peut-on y lire.
En effet, "la menace terroriste s’avère de plus en plus diffuse", précise le rapport. "En Suisse, des attentats avec peu d’efforts organisationnels et logistiques (...) restent la menace la plus probable. De tels attentats pourraient être commis notamment par des auteurs isolés ou de petits groupes", ajoute-t-on.
En cause notamment, "la radicalisation et l’inclination à la violence" d'un nombre grandissant de personnes en proie à des "crises personnelles ou des problèmes psychiques", plutôt que sur des "convictions idéologiques". Ainsi, aucune personne "motivée par l’idéologie djihadiste" ne serait revenue de Syrie ou d’Irak depuis 2016. Et le dernier départ de Suisse date de 2017.
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