Il existe, quelque part au Nouveau-Mexique, un fabuleux trésor caché. Un coffre en bronze d'une vingtaine de centimètres qui contient, 265 pièces d'or et autant de rubis, deux saphirs de Ceylan, des émeraudes, deux sculptures chinoises anciennes en jade, des bijoux et des centaines de pépites d'or, dont certaines de la taille d'un œuf.
Ce pactole dépasse allègrement le million de dollars, c'est le trésor de Forrest Fenn. Dans ses mémoires, ce vieil aventurier a glissé un poème, qu'il a écrit lui-même : 24 lignes, six paragraphes et neuf phrases. Neuf phrases qui sont en train de rendre dingues des centaines de milliers de personnes. Car chacune contient un indice pour trouver le trésor qui se trouve "dans les montagnes quelque part au nord de Santa Fe". On a fait plus précis.
Selon Forrest Fenn, en neuf ans, 350.000 chasseurs sont partis sur la piste de son coffre aux merveilles, certains essayent une fois, comme on joue au loto, parce qu'on ne sait jamais. D'autres sont devenus complètement obsédés. Comme cette mère de famille qui a liquidé les comptes de ses enfants pour financer l'aventure, et a fini par perdre sa maison hypothéquée...
Le magazine Society est allé à la rencontre de ces chasseurs de trésors. Il y a Cynthia, qui cherche depuis sept ans maintenant. "Je n'ai jamais été aussi proche", dit-elle, "tout concorde". Sur sa carte, elle a entouré un petit lac dans le Wyoming."C'est une source d'eau chaude. Forrest nous a confirmé que le premier indice était la cinquième ligne du poème : "commencez-là où les eaux chaudes s'arrêtent".
Forrest Fenn lâche parfois une indication, comme un demi-dieu qui a pitié de ses créatures... C'est rare, et souvent frustrant. Un jour, il a balancé : "certains chasseurs se sont retrouvés à 60 mètres du coffre". "Vous imaginez. Tout le monde pense que c'est lui", dit Cynthia.
Dal l'a pensé aussi. C'est le vieux briscard de cette histoire. Avant, il était chercheur d'épave. Forrest Fenn lui a dit : "tu es vraiment le type de gars qui pourrait trouver mon trésor". "Je pensais que j'étais proche, et qu'il ne fallait pas lâcher", dit-il en rigolant. "Cela fait huit ans. Et entre vous et moi, je passe chaque putain de minute de ma vie à penser à ce coffre". Il a fait 70 fois les quelques centaines de kilomètres qui le séparent de l'or.
Les chasseurs de trésor sont si nombreux qu'ils se réunissent chaque année dans un festival. Il en vient de tous les États-Unis, et même d'Europe, d'Allemagne ou du Royaume-Uni. Certains vouent un culte à Forrest Fenn. D'autres pensent que c'est un maître manipulateur, un serpent, un coyote. D'autres encore se demandent parfois si tout cela n'est pas qu'une vaste plaisanterie. Mais ils cherchent quand même, parfois au péril de leur vie.
Depuis le début de la quête, quatre personnes sont mortes, tombées dans un ravin ou emportées par les eaux du Rio Grande. Certains semblent prêts à tuer pour éliminer la concurrence. Forrest Fenn lui-même est menacé. Un jour, un chasseur a débarqué chez lui armé d'une hache, convaincu que le trésor était là.
Fenn, il en faut plus pour l'impressionner. C'est un baroudeur, ancien militaire dans l'aviation, vétéran du Vietnam devenu marchand d'art et collectionneur. Un jour, il a appris que l'un de ses reins était gangrené par un cancer. Alors il a imaginé mourir au pied d'un pin, un coffre débordant d'or enterré près de lui, un coffre que l'ont trouverait grâce à un poème. Il voulait que les gens quittent leur canapé et leurs écrans pour sortir et sentir le soleil des rocheuses.
Forrest Fenn a survécu. L'idée du coffre est restée. "Jamais je n'aurais pensé que cela prendrait cette ampleur", dit-il. "En réalité", dit un expert, "je pense qu'il a envie que des milliers de personnes cherchent encore son trésor pendant des dizaines d'années, car tant que la chasse existe, Forrest Fenn existe". C'est dans Society cette quinzaine.
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