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L'arraisonnement du pétrolier russe au large de Saint-Nazaire
Crédit : M6 Info
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La France n'en finit plus de hausser le ton face à la Russie. Les gardes à vue des deux membres d'équipage du navire russe intercepté au large de Saint-Nazaire, tous deux de nationalité chinoise, ont été prolongées. Ce jeudi 2 octobre, les autorités ont indiqué que le commandant du "Pushpa" sera jugé pour "refus d'obtempérer".
Un message de fermeté à l'égard de Moscou. En plus d'être suspecté d'avoir servi à lancer des drones sur le Danemark ce navire permet à la Russie, comme toute la flotte fantôme russe, de contourner les sanctions occidentales contre ses exportations de pétrole depuis l'invasion de l'Ukraine.
Ce n'est pas la première fois que la France est confrontée à une telle situation. En juillet dernier, un autre pétrolier de la flotte fantôme russe avait aussi fait des ronds dans l'eau au large de Saint-Nazaire pendant deux mois. Il avait alors interdiction d'accoster dans un port de l'Union européenne.
"On est surpris de découvrir une zone de mouillage internationale devant l'estuaire de la Loire. C'est assez inhabituel, et ce n'est pas forcément lié au commerce international", assure Paul Tourret, directeur de l'
Institut supérieur d'économie maritime (ISEMAR). "Le fait de trouver des navires de la flotte fantôme russe, pour des cas un peu différents en avril et maintenant, nous interroge évidemment sur l'existence de cette flotte et cette présence près de nos côtes."
Présent à Copenhague pour un sommet informel de l'UE, Emmanuel Macron s'est félicité de ces interpellations et appelle ses homologues européens à accroître la pression sur Moscou.
"Aujourd'hui, 30 à 40 % de l'effort de guerre est financé par les revenus de la flotte fantôme. Cela représente plus de 30 milliards d'euros. En immobilisant ces navires, même pendant quelques jours ou quelques semaines, on détruit leur modèle économique, on les oblige à s'organiser différemment", explique le chef d'État, qui décrit la flotte fantôme russe comme une "très bonne cible si on veut être plus efficace pour réduire les capacités de la Russie".
Des déclarations qui font monter les tensions d'un cran, selon Paul Tourret. "La flotte fantôme, elle existe depuis deux ans et demi. Elle a été plus ou moins chassée des eaux territoriales grecques ou danoises. Maintenant, on la voit passer devant nos côtes", explique-t-il.
"Donc, effectivement, ça peut être une nouvelle réponse des Occidentaux, c'est-à-dire de mener la chasse à ces navires, notamment parce que leur immatriculation et leurs documents peuvent être frauduleux. Donc, c'est une montée en gamme sur cette guerre économique contre la Russie avec la répression sur les navires fantômes qui seraient dans les eaux européennes", assure encore le directeur de l'
ISEMAR.
Au total, la Russie possède plus d'un millier de navires dans sa flotte fantôme. Et s'ils sont appelés comme ceci, c'est parce qu'ils "se cachent, notamment des autorités occidentales, du contrôle occidental qui veut être fait", explique Paul Tourret.
"En réalité, on les voit de temps en temps par les signalements. On arrive à les suivre un petit peu. Mais c'est vrai que cela pose une vraie question du transport maritime et de ce que fait la Russie avec son pétrole", poursuit le directeur de l'
ISEMAR.
Selon un institut économique ukrainien, plus de 70 % du pétrole russe est désormais transporté par cette flotte fantôme. En plus de contourner les sanctions internationales, ces navires présentent un risque sécuritaire. Les trois quarts ont plus de 15 ans, sont en mauvais état et ne sont pas assurés. S'ils causent des dommages, en cas de collision ou de marée noire : aucun recours ne serait donc possible.
Au large de Saint-Nazaire, le "Pushpa" donne le sentiment que la guerre en Ukraine s'approche des côtes françaises. "C'est vrai que la guerre en Ukraine est lointaine, mais le fait qu'un des acteurs potentiels soit juste à côté de nous, cela la rend encore plus proche", assure Olivier, pour qui l'intervention des forces spéciales à bord illustre la détermination de la France à se défendre.
"Je pense que pour l'Europe, c'est très bien d'être obligé d'être confronté à sa défense. Cela teste notre défense. Donc on n'a pas tiré dessus, on n'a pas envoyé un missile, on a simplement envoyé des commandants. On siffle la fin de la partie", poursuit celui qui ne se dit pas inquiet par la situation.
Même son de cloche pour Gérard, ancien de la Marine nationale. "Cela fait bien des fois que j'en ai vu en mer Rouge. J'étais radio-marine, on écoutait justement ce qu'ils transmettaient", explique-t-il.
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