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Lanceur de drone ou acte d'intimidation ? Pourquoi le navire de la flotte fantôme russe au large de Saint-Nazaire irrite la France

Le pétrolier fantôme russe suspecté d'avoir servi à lancer des drones vers le Danemark a été intercepté par les autorités françaises au large de Saint-Nazaire. Selon Guillaume Ancel, ancien officier, sa présence aux frontières maritimes du pays est une provocation de la part de Moscou.

Le pétrolier Boracay ancré au large de la côte atlantique, près de Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, le 1er octobre 2025.

Crédit : DAMIEN MEYER / AFP

Le journal RTL de 18h du 01 octobre 2025

00:23:05

Nathan Joubioux

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Sa présence aux frontières maritimes de la France interpelle. Le "Pushpa", un pétrolier de la flotte fantôme russe, stationne au large de Saint-Nazaire depuis plusieurs jours et semble narguer les autorités françaises. Ce mercredi 1er octobre, la justice a ouvert une enquête pour "défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon" et "refus d'obtempérer", a indiqué le procureur de Brest, Stéphane Kellenberger. Deux personnes ont été placées en garde à vue, le commandant et son second.

Baptisé "Pushpa", "Boracay" ou "Kiwala", le navire de 244 mètres de long, battant actuellement pavillon du Bénin naviguait très près des eaux territoriales françaises depuis samedi dernier. Le doute sur la raison de la présence de ce mystérieux navire persistait ces dernières heures. C'est la raison pour laquelle la Marine nationale a envoyé un patrouilleur pour le surveiller et lui demander de se déclarer officiellement. 

Mercredi après-midi, des images aériennes ont montré des militaires cagoulés présents sur le pont du navire. Emmanuel Macron avait évoqué un peu plus tôt une "opération très importante" de la marine. "Les équipes d'intervention ont agi en temps et en heure", a-t-il déclaré. "Il y a eu des fautes très importantes qui ont été commises par cet équipage qui justifient d'ailleurs que la procédure soit judiciarisée aujourd'hui".

Une provocation de la Russie ?

Pour le moment, les autorités ne savent pas pourquoi ce pétrolier se trouve ici : a-t-il subi une avarie à bord ? Le navire est-il en attente d'ordre ? Ou s'agit-il d'un acte d'intimidation russe ? "Les autorités françaises ont décidé de l'arrêter et ils vont l'inspecter", explique Guillaume Ancel, ancien officier, sur RTL, ce 1er octobre.

"En fait, ce bateau ne représente pas une menace, c'est plutôt une forme de défi et de provocation", analyse l'ancien officier. "D'abord parce qu'il transporte du pétrole qui va être vendu à l'Inde, alors que les pays européens ont décidé, avec les États-Unis, de sanctionner cette flotte fantôme pour empêcher la Russie de Poutine de financer sa guerre." Ce sont ces ventes d'hydrocarbures qui permettent à Moscou de financer sa guerre.

"L'autre point, c'est le fait qu'il ait pu servir de site de départ pour des drones. Et là, ce qui est très important pour les Européens, c'est de montrer qu'on est prêt à agir contre. C'est-à-dire qu'on ne se contente plus d'observer, de dire que l'on n'est pas content, qu'on sait intercepter et neutraliser ces bateaux ou les drones. C'est ça qui est en jeu", conclut-il.

Responsable du survol de l'espace aérien danois ?

Ce navire, qui a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises avec des immatriculations successives au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org, est soupçonné d'être impliqué dans les récents survols de drones qui ont perturbé le trafic aérien danois, selon le site spécialisé The Maritime Executive, qui affirme que le navire a pu servir de "plateforme de lancement" ou comme "leurre". Interrogé sur ce point, Emmanuel Macron a cependant appelé à rester "très prudent". 


Selon une analyse AFP des données du site maritime spécialisé VesselFinder, le pétrolier a quitté le port russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre, avec pour destination Vadinar, dans le nord-ouest de l'Inde. Il a navigué au large des côtes danoises entre le 22 et le 25 septembre, au moment où le Danemark enregistrait des survols suspects de drones.


Le 22 septembre, un premier survol avait entraîné la fermeture de l'aéroport de Copenhague. De nouveaux survols de plusieurs aéroports et d'une base militaire ont eu lieu le 25 septembre. Leur origine reste, jusqu'à présent inconnue, mais les autorités danoises n'ont pas tardé à incriminer la Russie, déjà accusée d'être derrière l'incursion d'une vingtaine de drones dans le ciel polonais début septembre et de trois avions de combat dans l'espace aérien estonien quelques jours plus tard.

Le pétrolier fait déjà l'objet de sanctions européennes pour son appartenance à la flotte utilisée par Moscou pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole.

Une "réponse forte de l'Europe" souhaitée

Ces survols ont mis le Danemark, qui accueille mercredi un sommet de l'Union européenne et jeudi un sommet européen élargi, sous forte pression, de même que l'Europe confrontée à des tensions croissantes avec la Russie.

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a plaidé pour une "réponse très forte" face à la "guerre hybride" menée par la Russie, au coup d'envoi du sommet de l'UE à Copenhague. "Toute personne qui viole l'espace aérien européen est susceptible d'avoir des représailles", a renchéri Emmanuel Macron. Il faut aussi "continuer de nous équiper" militairement au niveau européen, a-t-il martelé en pointant "le besoin de systèmes de pré-alerte très efficaces" contre les drones.

"Nous sommes dans une confrontation avec la Russie qui, depuis plusieurs années, est un acteur très agressif [...] qui multiplie les attaques cyber, qui a lancé une guerre d'agression en Ukraine, qui utilise la menace nucléaire et qui aujourd'hui, on le voit bien, provoque dans des espaces aériens", a ajouté le président français.

Outre l'Union européenne, le navire est sous sanctions du Canada, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni, selon www.opensanctions.org. Le président français a estimé que le commerce pétrolier imputé à cette flotte fantôme, entre "600 et 1 000 bateaux" selon lui, représente des "dizaines de milliards d'euros pour le budget de la Russie et finance selon nos évaluations collectives 40 % de l'effort de guerre russe".

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