Manifestations anti-migrants au Royaume-Uni : qui est à l'origine du mouvement ?

Environ 110.000 personnes ont participé ce samedi 13 septembre à Londres à un rassemblement anti-migrants, relayé par le militant d'extrême droite Tommy Robinson, selon la police londonienne. Parmi les figures de proue de cette manifestation, Éric Zemmour, qui est venu défendre sa position contre ce qu’il nomme une "submersion migratoire". Un événement qui survient dans un contexte de tensions croissantes au Royaume-Uni, où l'hostilité envers les migrants semble avoir pris de l'ampleur ces derniers mois.

La situation s'est intensifiée dès l'été 2025, après qu’un homme, Hadush Kebatu, nouvellement arrivé au Royaume-Uni et hébergé dans un hôtel réservé aux demandeurs d’asile, a été accusé d'agression sexuelle sur une jeune fille de 14 ans dans la ville d'Epping. Bien que l'incident ait été isolé, l'événement a ravivé des peurs et des rumeurs autour de la présence de migrants dans les petites villes et villages du pays, surtout lorsque des hôtels sont utilisés pour loger des demandeurs d'asile en attente de traitement de leur dossier.

Ces hôtels, déjà controversés depuis l'année dernière, avaient d’ailleurs été au cœur des émeutes racistes de 2024. Plusieurs mobilisations de partisans avaient rassemblé des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, comme en juillet 2024 où ils étaient entre 20.000 et 30.000, selon des estimations de l'organisation antiraciste Hope Not Hate. Début septembre 2025, Hadush Kebatu a été reconnu coupable d'agression sexuelle, ce qui a renforcé le sentiment d'insécurité au sein de certaines communautés locales.

Donner la parole à une droite "muselée"

Bien que cette manifestation de samedi n'ait pas de lien direct avec les hôtels, elle se nourrit de la même inquiétude grandissante. Baptisé "Festival de l'unité pour le royaume de la liberté d'expression", l'événement est présenté par ses organisateurs comme un moyen de donner la parole à une droite "muselée". Les partisans de ce rassemblement assurent qu'ils ne font que relayer les préoccupations des citoyens face à l’immigration. En réalité, derrière ce discours se cache une forte mobilisation de l'extrême droite. Parmi eux, le parti Reform UK, qui connaît une montée en puissance dans les sondages.

Le rassemblement est ainsi marqué par une forte présence de figures controversées, comme Tommy Robinson, un ancien leader du mouvement anti-islam English Defence League (EDL). L'influenceur identitaire, qui incarne la radicalisation d’une frange de la droite populiste britannique, doit être au cœur de cette manifestation, entouré de sympathisants qui dénoncent une prétendue "invasion" migratoire.

Lors des rassemblements organisés autour des hôtels ces derniers mois, des scènes de violence ont éclaté. Des arrestations ont eu lieu, et plusieurs appels à la violence contre les migrants ont circulé sur les réseaux sociaux, poussant les autorités britanniques à surveiller de près ces manifestations. Les autorités ont également émis des condamnations fermes à l’égard de ces appels à l’agression, soulignant la dangerosité d'une telle rhétorique pour la cohésion sociale du pays.

Qui sont les organisateurs derrière ce mouvement ?

Si l'on en croit les discours des organisateurs, ces rassemblements seraient spontanés, animés par des citoyens inquiets de la situation dans leurs villes. Pourtant, l'enquête montre que ces événements sont en réalité orchestrés par des groupes obscurs, souvent difficiles à identifier, qui utilisent les réseaux sociaux pour inciter à la mobilisation. Ces derniers mois, les événements se sont multipliés, avec un sentiment de plus en plus marqué de "guerre culturelle" au sein de la population, exacerbée par les tensions autour de la gestion des flux migratoires.

Pourtant, même certains partis d’extrême droite, comme Reform UK, se dissocient de la personnalité de Robinson, trop radicale pour certains de leurs électeurs. Mais cette distance n’empêche pas l'activiste et ses partisans de continuer à jouer un rôle clé. Ce samedi, ils seront aux côtés d’Éric Zemmour, en tête de cortège, pour porter un message commun contre ce qu’ils considèrent comme un afflux de migrants menaçant les valeurs et la sécurité des sociétés européennes.

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