Un an jour pour jour après son élection, quel président est Joe Biden ? Quel bilan pouvons-nous tirer de ses premiers mois à la Maison Blanche ? Pour rappel, entre l’élection, début novembre, et la cérémonie d’investiture, le 20 janvier, il s’écoule presque trois mois.
Une période de transition normalement, mais qui aura été marquée par la contestation acharnée des résultats de l'élection par Donald Trump, avec en point d’orgue l’attaque du Capitole, le 6 janvier, qui a fait cinq morts, et des dégâts sur le système politique et sur la démocratie américaine.
Neuf mois plus tard, force est de constater que Joe Biden est en mauvaise posture : 54% d'Américains désapprouvent sa politique, selon un récent sondage. Une popularité en berne qui s'explique par son premier bilan mitigé à la tête du pays. Une présidence qui aura connu trois périodes-clés: les "100 jours", la "cassure" de cet été, et une période d’incertitude.
Les "100 premiers jours" de Joe Biden sont atypiques. Les États-Unis comme tous les autres pays se trouvent en pleine crise sanitaire. Et dans cette période, le démocrate surprend par sa vitalité. La campagne l'avait montré fatigué, pas dans le coup, gaffeur. Une fois à la Maison-Blanche, il change littéralement de braquet en amorçant une frénésie de réformes.
Une semaine après sa prise de fonction, Joe Biden a déjà signé 34 décrets, dont 12 pour revenir sur les décisions de son prédécesseur, en réintégrant notamment l'accord de Paris. C’est le retour du multilatéralisme pour les États-Unis, qui parlent de nouveau avec leurs alliés. Même si en vérité, Joe Biden est loin d’avoir abandonné le "America first" de Donald Trump.
Sur le plan intérieur, Joe
Biden est surtout attendu sur sa gestion du Covid-19, pour laquelle il montre rapidement des premiers succès. Déjà, les États-Unis développent ou codéveloppent les trois principaux vaccins : Pfizer-Biotech,
Moderna, et Johnson & Johnson. Ce qui aide à avoir des stocks. Ensuite,
les États-Unis montrent leur puissance en terme de logistique pour assurer
la campagne de vaccination. Joe Biden avait promis 100 millions de personnes vaccinées en 100 jours : l’objectif sera quasiment
doublé.
Sur la scène internationale également, le ton est donné : "America Is Back", avec un président américain offensif. Le Russe Vladimir Poutine est qualifié de "tueur", le Chinois Xi Xinping n’a pas "une once de démocratie en lui". Les États-Unis reconnaissent aussi officiellement le génocide arménien.
Le premier réel accroc dans la présidence Biden est sans doute la crise migratoire à la frontière mexicaine, avec ces dizaines de milliers de migrants poussés notamment par l’espoir d’une Amérique plus accueillante. Mais l’administration américaine est débordée. Des mineurs se retrouvent dans des centres d’accueil dans des conditions déplorables. La Maison-Blanche est piégée entre son discours d’humanité et la volonté de ne pas donner le signal que tout le monde peut venir aux États-Unis. Des premières dissensions apparaissent au sein du parti démocrate.
Sur la gestion du Covid, les
États-Unis ont certes démarré en trombe mais une fois que toutes les personnes
désireuses de se faire vacciner le sont, un plafond de verre est atteint. Le gouvernement essaye alors d’aller chercher, un par un, les réticents, en organisant des loteries pour gagner plusieurs dizaines de milliers de dollars, en offrant des bières ou des doughnuts. Tout
est bon pour convaincre les "antivax", beaucoup plus nombreux aux États-Unis
qu’en France. Mais les résultats se font attendre. Début novembre, moins de 60% des Américains sont complètement vaccinés, contre 75% en France.
Mais la grande cassure pour
Joe Biden a lieu au mois d’août avec le retrait des troupes américaines d'Afghanistan. Un
retrait acté et négocié avec les talibans par la précédente
administration, finalisé par Joe Biden, et qui se déroulera de manière chaotique.
Au mois d’avril, le
département et les services de renseignement élaborent un plan de retrait en estimant qu’ils pourront
garder l’ambassade américaine ouverte avec plus de 1.400 ressortissants
américains sous la protection de 650 soldats. D’autant, estime-t-il, que les
soldats afghans pourront contenir au moins pendant un an les Talibans. Dans les faits, les forces afghanes entraînées et financées par les Américains ne font pas le
poids face à l'avancée des Talibans, qui sont de retour au pouvoir en quelques semaines.
Ce retrait donne un sentiment
d’impréparation et d’échec. Il laisse aussi un goût amer pour les alliés comme la France qui ont dû se plier au tempo
américain. Quelques semaines plus tard,
Paris est pris au dépourvu par le comportement américain dans l’affaire des sous-marins australiens. Joe Biden admet une "maladresse" mais jure qu’il était persuadé que la France avait été
mise au courant. La France les autres alliés américains font face à une évidence : Joe Biden est, lui-aussi, un
adepte d' "America first". Après les années de
diplomatie très dures avec Donald Trump, beaucoup de pays pensaient que tout
serait plus simple avec Joe Biden. Ce n’est pas le cas.
Tous ces éléments ; la campagne de vaccination qui fait du surplace, le retrait
chaotique de Afghanistan, la crise migratoire, a sapé la popularité de Joe Biden dans les sondages. Il passe de 50 %
d’opinions favorables à 40 % en quelques semaines. Une partie de son
électorat commence à s’en éloigner. Les Afro-américains par
exemple, qui avaient placé beaucoup d’espoir en lui commencent à être déçus.
Depuis Joe Biden semble bloqué, contrarié, à cause de dissensions au sein de
son parti. Du
coup, il est obligé de faire des concessions sur le congé parental, par exemple, ou sur les remboursements de médicaments. Et cela donne une impression de
faiblesse, même si c’est le fonctionnement du système politique américain qui est aussi en cause.
Le juge de paix, ce sera bien
sûr dans un an les "mid-terms", les élections de mi-mandat. Il y avait fin octobre un scrutin très
important pour le poste
de gouverneur en Virginie. C’est le candidat républicain, novice en politique, qui s’est imposé. C’est un signe très fort et un camouflet pour le président américain. Dans une récent sondage, 70 %
des Américains des personnes interrogées disent désormais que le pays se dirige dans la mauvaise direction.
Une satisfaction tout de même à la veille de ce premier anniversaire, Joe Biden a célébré samedi 6 novembre son premier grand succès législatif, après l'adoption dans la douleur de son vaste plan d'investissements dans les infrastructures.
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