Quelques jours après les élections européennes, le volcan financier italien gronde. Fort de sa victoire, Matteo Salvini, le chef de la Lige, parti d'extrême droite, a durci sa stratégie économique. Alors que le déficit budgétaire du pays explose, il veut encore dépenser 20 milliards d’euros pour faire sa réforme fiscale.
C'est pourquoi les marchés financiers s’inquiètent, et les taux d’intérêt de la dette italienne, qui sont un peu le baromètre de la peur, remontent. Ils menacent d’asphyxier l’économie du pays, qui est déjà malade. C’est la crise de l’euro qui pointe à nouveau.
Le danger italien a remplacé celui de la Grèce. Le paradoxe, c’est qu’au même moment, les taux d’intérêt grecs baissent, justement aussi à cause des résultats aux Européennes. Alexis Tsipras, le Premier ministre d’Athènes, a perdu face à l'opposition et il a annoncé la dissolution du Parlement. Les investisseurs espèrent donc le retour au pouvoir d'une droite réputée plus favorable aux entreprises. Taux qui montent en Italie, taux qui baissent en Grèce, les deux pays vont se croiser dans la côte.
Le ministre de l'Intérieur italien veut relancer l’économie en créant "flat tax", c’est-à-dire un impôt à taux unique qui remplacerait le système actuel. "Nous avons besoin d’une cure de Trump, d’une cure d’Orban, d’un choc fiscal pour redémarrer le pays", a t-il déclaré mardi 28 mai sur la radio lombarde RTL Italie.
Le problème c’est qu’il n’a pas un fifrelin en caisse pour financer cela. Au contraire, le trou du budget devrait atteindre déjà 3 % du PIB. Sous 24 heures, Rome devrait recevoir une lettre de la Commission, lui enjoignant de prendre des mesures correctives, et la menaçant d’une amende. La Commission est aiguillonnée par les gouvernements du Nord, les Pays-Bas notamment, qui demandent la stricte application de la discipline budgétaire.
Matteo Salvini leur a répondu par avance : "Au moment où le chômage des jeunes atteint 50 % dans certaines régions, quelqu’un nous demande, à Bruxelles, au nom des règles du passé, une amende de trois milliards d’euros". La confrontation se prépare pour la semaine prochaine.
C’est catastrophique. Depuis 2007, le pays a connu trois récessions consécutives et son PIB a chuté de 4,5 %, alors que sur la même période, la zone euro progressait de 15 %, et la moyenne de l’OCDE de 20 %. C’est une implosion lente de l’Italie.
Ce qui explique cette chute c'est la démographie, avec le vieillissement accéléré de la population. C'est aussi l'union monétaire européenne, et l’impossibilité de dévaluer, pour un pays qui a toujours réglé ses problèmes ainsi. Le Nord s’en sort bien, mais le centre et le Sud sont en voie de tiers-mondisation.
Le malheur, c’est que la thérapie de Salvini est à la fois coûteuse et inopérante. Avec une monnaie aussi forte que l’euro, il faudrait un gigantesque investissement dans le pays, notamment dans l’éducation, qui s’est beaucoup dégradée. Baisser les impôts aujourd’hui, c’est comme changer les pneus d’une voiture dont le moteur ne démarre plus : ça ne sert à rien.
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