Irlande : qui est Catherine Connolly, qui vient de remporter l'élection présidentielle ?

C’est une élection très largement remportée par Catherine Connolly. La candidate indépendantiste de gauche a gagné l’élection présidentielle d’Irlande de vendredi, selon les résultats officiels définitifs publiés dans la soirée du samedi 25 septembre. Elle a obtenu 63% des suffrages, malgré un nombre record de bulletins nuls. En effet, les électeurs y ont écrit les mots "pas de démocratie" ou des messages anti-immigration sur 13% d’entre eux. Pour rappel, comme en France, un bulletin est considéré comme nul quand il y a écrit quelque chose dessus, autre que le nom du candidat pour qui on vote.

Ancienne avocate de 68 ans, elle est députée depuis 2016. Elle critique aussi bien l’Union européenne que les États-Unis, la Russie ou "le génocide" à Gaza. Militante pour la réunification de l'île d'Irlande, elle est opposée à une augmentation des dépenses de défense et en faveur du maintien de la tradition de neutralité de l'Irlande, un pays de 5,2 millions d'habitants devenu membre de l'UE en 1973 et qui a un programme de partenariat avec l'Otan, dont elle ne fait pas partie.

Succédant à Michael Higgins, 84 ans, son rôle est principalement symbolique et représentatif. En effet, le ou la président(e) d’Irlande nomme le Premier ministre, promulgue les lois votées par le Parlement, peut renvoyer une loi devant la Cour suprême et représente le pays à l’étranger.

Une majorité des suffrages, mais pas des citoyens derrière elle

Plusieurs personnalités conservatrices avaient appelé à l’abstention en signe de protestation contre le fait que seuls deux candidats s’affrontaient réellement. Il faut dire que la candidate des conservateurs, Maria Steen, n’avait pas réuni suffisamment de soutiens parmi les parlementaires pour pouvoir se présenter. La participation a tout de même été de près de 46%, plus qu’à la dernière présidentielle, en 2018.

"Ce sera un immense privilège de vous servir", a assuré Catherine Connolly dans son discours de remerciement après la publication des résultats. "À ceux qui n'ont pas voté pour moi et à ceux qui ont rendu nul leur vote, laissez-moi vous dire que je serai une présidente inclusive, à votre écoute", a-t-elle poursuivi.

Catherine Connolly "parle au nom des personnes ordinaires", a estimé auprès de l'AFP Una Corcoran, 62 ans, à Galway, sa ville natale dans l'ouest de l'Irlande. "Dans l'ensemble, je trouve qu'elle est très intègre. Elle n'a pas peur d'être impopulaire. Et c'est une oratrice très douée et assurée. Je pense qu'elle réussira", a commenté Oisin Woods, un employé du secteur des technologies âgé de 35 ans qui a également voté pour elle.

Une militante pour la réunification de l'île d'Irlande

Connue pour son franc-parler, Catherine Connolly était soutenue par les principaux partis d'opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA). Militant pour la réunification de l'île d'Irlande, elle est opposée à une augmentation des dépenses de défense et en faveur du maintien de la tradition de neutralité de l'Irlande, un pays de 5,2 millions d'habitants devenu membre de l'UE en 1973 et qui a un programme de partenariat avec l'Otan, dont elle ne fait pas partie.

En septembre, Catherine  Connolly a toutefois réitéré sa condamnation de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Je n'ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c'est qu'un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer tous les abus de pouvoir - de la Russie et aussi de l'Amérique", a-t-elle alors ajouté.
Cette femme charismatique et sportive, qui parle couramment le gaélique, a par ailleurs condamné "le génocide" dans la bande de Gaza.
Des commentateurs prédisent que ses positions tranchées sur la politique étrangère, la défense mais aussi le logement pourraient provoquer des tensions avec le gouvernement.

La manière dont Catherine Connolly "gère les relations avec un gouvernement dont elle estime clairement qu'il poursuit de mauvaises politiques crée désormais une nouvelle incertitude - et possiblement un conflit - dans la politique irlandaise", a ainsi écrit l'Irish Times.

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