Ce lundi 22 mai, des groupes armés venus d'Ukraine ont réussi à s'infiltrer en territoire russe dans la région frontalière de Belgorod, pour y mener des opérations. Ce n'est pas la première fois, mais ces nouvelles opérations sont plus importantes et surtout, les groupes qui en sont à l'origine ont pu être identifiés.
Il s'agit de deux groupes de dissidents russes constitués de dizaines d'opposants à Vladimir Poutine, qui ont rejoint l'Ukraine au début de l'invasion et qui depuis, se sont organisés, armés, équipés et ont entrepris de mener des actions de déstabilisation.
D'une plus grande ampleur, les opérations menées autour de Belgorod, une ville stratégique située près de la frontière, ne sont toutefois pas les premières. Déjà, en mars dernier, l'un de ces groupes avait pénétré à Briansk, au nord de Kiev, côté russe.
Il s'agit principalement de deux légions : Liberté pour la Russie et le Corps des Volontaires Russes. Ils se battent sous commandement ukrainien. Il est difficile d'estimer leur effectif. Certains parlent de 1.000 combattants en tout, mais la réalité est surement bien plus basse.
Leur but affiché : combattre la Russie de Poutine. C'est en tout cas ce qu'a déclaré le porte-parole de la légion Liberté pour la Russie. Il se fait appeler César et il s'est adressé aux Russes lundi, lors de l'opération dans la région de Belgorod : "Nous sommes russes comme vous, nous sommes des gens comme vous. Nous voulons que nos enfants grandissent en paix et soient des personnes libres pour qu'ils puissent voyager, étudier, et simplement être heureux dans un pays libre", a-t-il déclaré dans une vidéo.
Dans cette séquence, il remercie ses soutiens et dénonce à visage découvert "la corruption, la censure, la répression" du régime "pourri" de Poutine.
Difficile d'en savoir beaucoup plus sur leur réseau, leurs revendications, leur financement.
Ce que l'on sait en revanche, c'est que la légion de la Liberté pour la Russie est liée à l'ancien député russe Ilia Ponomorev. Le Corps des volontaires russes, lui, est proche de l'ultra droite radicale. Deux groupes différents idéologiquement, mais qui ont uni leurs forces pour cette bataille.
Le but de ces combattants est de déstabiliser le Kremlin, et montrer que la Russie n'est pas une forteresse imprenable. Si ces opérations font des dégâts, elles sont avant tout symboliques. Cela permet aussi de mobiliser des forces russes autour Belgorod. Et peut-être faire diversion, alors qu'une contre-offensive ukrainienne se prépare.
L'armée ukrainienne a tout intérêt à favoriser ce type d'opérations et à financer ces groupes
Le général Jérôme Pellistrandi
Pour les forces ukrainienne, l'intérêt est double. Officiellement, Kiev ne revendique pas cette attaque sur Belgorod. Ce sont des combattants russes entrés en Russie. Rien à voir avec l'Ukraine, donc, même si l'on se doute bien que ces milices ne sont pas entrées en Russie sans l'aval de l'armée ukrainienne.
Cela permet aux Ukrainiens de nier toute attaque en Russie, ce qui est plutôt commode. C'est également une guerre psychologique, comme l'explique le général Jérôme Pellistrandi : "Cela sert à déstabiliser l'ennemi, à installer un climat d'incertitude. Les convois militaires russes ne sont pas en sécurité sur le propre territoire. L'armée ukrainienne a tout intérêt à favoriser ce type d'opérations et à financer ces groupes", explique le militaire.
Cette opération autour de Belgorod permet en tout cas aux Ukrainiens d'afficher une nouvelle victoire à leur tableau, après la perte de