Une petite porte bleue au bout du jardin, derrière des escaliers qui descendent vers la cave de la maison. Anna, 14 ans, nous montre la pièce exiguë, humide ou elle a vécu avec toute sa famille. "On avait mis plein de matelas et on dormait ici toutes les nuits pendant six mois", explique-t-elle.
Anna y est restée beaucoup plus longtemps, assise entre les conserves et les légumes. "Les Russes cherchaient les filles. Donc je suis restée cachée. J'avais peur qu'ils m'attrapent et me violent", témoigne la jeune fille. "Parfois, j'allais dans mon jardin, cachée derrière les grilles, mais je ne suis jamais sortie dans la rue. Et quand je savais que les Russes étaient dans le quartier, je ne bougeais pas du sous-sol".
D'autant plus que son père était en captivité, arrêté par les Russes le lendemain de leur arrivée. "On était 11 personnes détenues dans une petite pièce sans fenêtre. C'était angoissant. On ne savait pas combien de temps on allait rester, si on allait revoir nos familles", raconte-t-il.
Finalement, un jour, les Russes le relâchent à trois kilomètres du village. Ils lui disent de courir, mais il arrive à peine à marcher. D'ailleurs, quand il est revenu, sa fille ne l'a pas reconnu. "Un matin, ma mère est revenue avec un homme bizarre. Il avait une longue barbe, des cheveux gris. Je n'ai pas compris tout de suite que c'était lui", dit Anna.
Aujourd'hui, la famille est au complet et tente de s'organiser pour cet hiver. Mais impossible d'aller chercher du bois dans la forêt car elle est minée. Alors Sergueï découpe les caisses de munitions laissées par les Russes. Au moins, elles lui tiendront chaud cet hiver.
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