Guerre en Ukraine : le spleen de "Papy Youri", réfugié Ukrainien de 83 ans

Le regard souvent perdu, le corps las et l’esprit encore là-bas, "Papy Youri" traîne son spleen à Marseille depuis qu’il a été obligé de fuir l’Ukraine sous le feu des bombes russes. Quatre mois après son arrivée, il dort toujours sur le canapé du salon et ne peut parler à personne, à part sa petite fille, Marisha, qui le loge. Quand il veut aller à la boulangerie, elle lui donne un post-it où est inscrit le nom du pain. 
 
"En France, ce qui me manque le plus ce sont les relations sociales. Parce que je ne parle pas la langue, je parle un peu l’Allemand que j’ai appris à l’école. Mais ici je ne comprends rien, ma famille m’aide, mais je n’ai pas d’amis, c’est difficile".
 
Lui qui était totalement autonome en Ukraine subit un contrecoup qui pourrait s’apparenter à une dépression. Conséquence : il a besoin d’aide même pour les tâches les plus basiques. Papy Youri suit les combats au jour le jour, prends des nouvelles de ses proches et reste très pessimiste sur l’évolution du conflit qui selon lui pourrait s’éterniser. Youri jardine, aide aux tâches ménagères pour ne pas se sentir inutile, pour ne pas être "un poids" pour la famille qui l’accueille, mais le cœur n’y est pas. Son état de santé décline, il a de plus en plus de mal à marcher. 

Une intégration "quasiment impossible"

Pour Marisha, la situation n’est pas simple non plus : "La principale difficulté, c’est son intégration à la société, qui est quasiment impossible à cet âge-là. Il est complètement perdu. Il était très autonome en Ukraine, mais maintenant je dois assurer toutes ses tâches quotidiennes et ce n’est pas forcément évident puisque j’ai un enfant en bas-âge et un travail".

Papy Youri veut rentrer en Ukraine au mois d’août. Et tant pis si quelques obus continuent de pleuvoir à Kharkiv. Ses rares sourires sont pour son arrière-petite fille, Agatha, 4 ans et demi, qui l’écoute chantonner des comptines Russes et progresse chaque jour un peu plus dans sa maîtrise de la langue de Dostoïevski.