Où en est l'armée russe ? Sept villages ont été repris à Moscou dans le Sud et l'Est du pays dans le cadre de ces opérations. A-t-on une vision claire de l'état des forces du Kremlin alors que Kiev entame sa contre-offensive ? “On a de grande difficulté à savoir exactement de combien d'hommes est composée actuellement cette armée”, assure Lukas Aubin, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de la géopolitique de la Russie et auteur de Géopolitique de la Russie (Editions de la Découverte).
"Vladimir Poutine a fait une mobilisation partielle de sa population il y a quelques mois", ajoute-t-il. "À l'automne dernier, 300.000 hommes ont été envoyés progressivement à l'est de l'Ukraine. Néanmoins, on parle ces dernières semaines de faire une deuxième mobilisation partielle, le problème étant que ces hommes ont été pour beaucoup visiblement massacrés sur le terrain. On pense notamment à la milice Wagner. On sait que Prigogine, le chef de la milice, s'était plaint pendant plusieurs semaines d'avoir perdu des milliers d'hommes, si ce n'est des dizaines de milliers. Il en avait recruté environ 30 à 40.000 dans les prisons".
"Aujourd'hui, cette armée russe, finalement, elle est un peu faite de bric et de broc", estime Lukas Aubin. "C'est-à-dire qu'on a plusieurs milices qui cohabitent avec l'armée russe sur le terrain. Et il y a des difficultés logistiques assez criantes".
Une image à mille lieux de l'armée présentée par Moscou avant le conflit, comme la troisième, voire la deuxième armée du monde. “Il y a eu erreur sur la marchandise”, assure Lukas Aubin. “La puissance de Vladimir Poutine est basée sur la puissance de l’imaginaire, c’est-à-dire : 'on grossit son image pour paraître plus gros que le bœuf'”.
"Les grandes parades militaires qui ont eu lieu ces dernières années en Russie ont montré finalement une certaine image de la Russie qui n'était pas conforme à la réalité", affirme le spécialiste de la Russie. "On le voit sur le terrain d'un point de vue logistique, mais aussi d'un point de vue matériel. L'armée russe a des difficultés à faire face à cette guerre moderne, avec des drones notamment, avec du matériel de pointe", ajoute Lukas Aubin. "Si l'armée russe est effectivement la première armée d'un point de vue nucléaire de la planète, ça ne suffit pas évidemment à faire la différence" sur le terrain.
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