La sidération, toujours, en Ukraine. La destruction du barrage de Kakhovka a inondé une zone de plus de 600 km2 dans le sud du pays, sur la rive droite du fleuve Dniepr contrôlée par les Ukrainiens comme sur la rive gauche occupée par les Russes. A-t-on le début d'une explication sur la destruction de ce barrage ? À qui profite-t-elle ?
"Il faut être prudent avec les récits des uns et des autres", explique Dimitri Minic, docteur en histoire des relations internationales, auteur de Pensées et culture stratégiques russes : du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine (éditions de la Maison des sciences de l'homme). "Les Ukrainiens et les Russes s'accusent d'avoir détruit ce barrage. Le fait est que depuis le début de la guerre, en fait les Ukrainiens, les discours des officiels ukrainiens, leurs allocutions sont quand même plus fiables que celles des dignitaires russes (...). Les explications avancées par les officiels russes sont complètement absurdes puisque les Ukrainiens auraient fait sauter ce barrage par frustration parce qu'ils auraient échoué déjà leur grande offensive militaire".
La destruction du barrage de Kakhovka est-il un fait majeur de cette guerre ? "C'est une catastrophe pour l'Ukraine", estime le chercheur au centre Russie-Eurasie de l'Ifri, "mais je pense que ça n'a pas d'impact probablement sur la grande contre-offensive ukrainienne (...) Les Ukrainiens n'envisageaient probablement pas de porter le coup principal de la contre-offensive à Kherson", assure-t-il. "Sur le plan opérationnel, ça a un impact peut-être plus négatif sur l'Ukraine que sur la Russie, puisque l'élargissement du fleuve pourrait entraver une éventuelle opération militaire".