Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué auprès de l'AFP vendredi 17 mai les défis auxquels fait face l'Ukraine. Nouvel assaut russe, aide occidentale, manque d'hommes, trêve olympique, invitation à la Chine au sommet de la paix... Voici ce qu'il retenir de cet entretien.
Le président ukrainien a jugé que l'assaut lancé par les Russes contre la région de Kharkiv pourrait n'être que la première vague d'une offensive plus large, et que Moscou voulait "attaquer" la capitale régionale éponyme. "Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague. Mais la situation est sous contrôle après cette première vague", a assuré Volodymyr Zelensky.
"Ils sont à 5-10 kilomètres maximum de la frontière, on les a stoppés (...) Je ne dirais pas que c'est un grand succès [russe], mais on doit être sobre et admettre que ce sont eux, pas nous, qui s'enfoncent dans notre territoire. C'est leur avantage", a-t-il poursuivi. "Ils comprennent qu'on a des forces et qu'elles combattront longtemps (...). Ils ne vont pas mourir par millions, selon moi, pour avoir Kharkiv". Selon le président ukrainien, Moscou n'a pas "les forces pour une offensive d'ampleur sur la capitale [Kiev] comme ils l'avaient fait au début de l'invasion".
L'Ukraine n'a qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont elle a besoin et nécessite également 120 à 130 avions de combat F-16 pour pouvoir prétendre mettre fin à la domination de la Russie dans les airs, a aussi estimé Volodymyr Zelensky. L'Ukraine a en outre été affaiblie, face à un ennemi mieux armé, par l'arrêt quasi-total pendant plusieurs mois de l'aide militaire américaine et les lenteurs de l'européenne.
Mais maintenant que les États-Unis ont voté 60 milliards de dollars d'assistance, Volodymyr Zelensky veut voir des livraisons. "Peut-on avoir trois milliards pour acquérir deux [systèmes Patriot] pour la région de Kharkiv, comme ça les bombes ne tomberont plus sur nos soldats ?", a-t-il dit.
Volodymyr Zelensky a aussi reconnu que son pays manquait d'hommes et que cela affectait le moral des troupes, alors qu'une nouvelle loi sur la mobilisation entre en vigueur ce samedi 18 mai pour regarnir les rangs de l'armée. "On doit constituer les réserves (...) Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars [qui sont sur le front] puissent avoir des rotations normales. C'est comme ça que le moral s'améliorera", a-t-il déclaré.
Le président ukrainien a également indiqué avoir rejeté l'idée de "trêve" dans la guerre avec la Russie pendant la durée des Jeux olympiques que souhaitait le président français : "J'ai dit : Emmanuel [Macron], nous n'y croyons pas. Imaginons une seconde qu'il y a un cessez-le-feu. D'abord, on ne fait pas confiance à Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, (...) dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire ?".
Volodymyr Zelensky souhaite voir la Chine "impliquée" dans la conférence sur la paix en Ukraine, que la Suisse doit organiser en juin, sans la Russie. "Des acteurs mondiaux" comme la Chine "ont une influence sur la Russie. Et plus nous aurons de pays de ce type de notre côté, du côté de la fin de la guerre, je dirais, plus la Russie devra compter avec cela", a expliqué le chef de l'État.
Les dirigeants chinois "vivent un peu avec le sentiment que si la Russie perd la guerre, ce n'est pas une perte pour la Russie, c'est une victoire pour les États-Unis. Pour eux, ce n'est donc ni une victoire pour l'Ukraine ni une perte pour la Russie (...) C'est une victoire de l'Occident. Et ils veulent trouver un équilibre entre les deux", a encore déclaré Volodymyr Zelensky.
"Nous nous trouvons dans une situation absurde où l'Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et [en même temps] il ne veut pas que l'Ukraine la perde. Parce que la victoire finale de l'Ukraine mènera à la défaite de la Russie. Et la victoire finale de la Russie mènera à la défaite de l'Ukraine", a aussi estimé le président ukrainien.
Volodymyr Zelensky a enfin reproché aux Occidentaux d'interdire à l'Ukraine d'utiliser les armes fournies par l'Europe et les États-Unis pour frapper le territoire russe. "Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c'est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes [d'armement] situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n'en avons pas le droit", a-t-il déploré.
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