Guerre en Ukraine : à quoi ressemble Kharkiv après 12 jours d’offensive russe ?

La ville de Kharkiv fait face à une vaste offensive russe depuis deux semaines. Dans la soirée du mardi 21 mai, Volodymyr Zelensky a assuré que l'armée ukrainienne obtenait des "résultats tangibles" dans cette région, mais sur place, comment les civils et les militaires font-ils face à l'attaque de l'armée russe ?

La ville fonctionne "normalement" pour une ville en temps de guerre. Les commerces restent ouverts, mais les écoles sont, pour la plupart, fermées. Les bâtiments les plus importants sont eux toujours protégés par des sacs de sable, comme c'est le cas depuis février 2022. Personne ne flâne dans les rues, les habitants ont peur des bombardements.

Les sirènes d'alerte sont devenues quotidiennes. Plusieurs fois par jour, l'alarme retentit à travers les haut-parleurs de la ville ou les téléphones. Il est alors demandé de se rendre aux abris. Mais, dans les faits, peu le font. Il y a beaucoup d'alertes dans la journée et surtout en pleine nuit. Les Ukrainiens prennent tout cela avec beaucoup de pragmatisme, les Russes sont encore à 20 km de Kharkiv et l'armée ukrainienne se défend. Voilà l'état d'esprit actuel.

Les civils dans le viseur de la Russie

La ville a pourtant déjà été ciblée par l'armée russe, qui vise également des cibles civiles. Leur stratégie reste de terroriser les habitants en multipliant les envois de drones et de missiles. Beaucoup de cibles civiles ont été visées ces derniers jours : des parcs, des maisons ou encore des hôtels. Une frappe a été particulièrement meurtrière dimanche 19 mai, deux missiles ont touché une base de loisirs au nord de la ville. 

Un premier a touché les tables de pique-nique au bord de l'eau où une vingtaine de personnes étaient rassemblées. Alors que les secours étaient arrivés et prenaient en charge les blessés, un deuxième missile a frappé au même endroit, ne laissant aucune chance aux survivants. Bilan : 7 morts dont un petit garçon de huit ans et une femme enceinte de sept mois.

Sur place, c'est la désolation. Tout a été soufflé dans les explosions. Cet endroit, au bord d'un lac et au milieu des arbres, n'est plus qu'une ruine fumante. Un riverain nous explique que c'est ça la stratégie russe, faire peur aux gens pour qu'ils quittent la ville.

La ligne de front se rapproche

Près de 15.000 personnes ont d'ailleurs déjà quitté la région depuis la semaine dernière. La Russie vise ceux qui décident de rester, et il y en a. Comme souvent, les personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas évacuer sont les plus fragiles : les personnes âgées, les malades, les gens qui ont des problèmes psychiatriques…

Il y a aussi ceux qui ne veulent pas encore une fois évacuer leur village. Ceux-là sont désabusés et attendent leur sort. Les évacuations sont aussi de plus en plus difficiles à mesure que les jours passent. Les volontaires prennent de gros risques pour aller chercher les gens sur la ligne de front. Mardi, une voiture de police a été totalement détruite par un tir de drone. Les policiers ont pu sauter hors du véhicule à temps. Ils allaient chercher des personnes à évacuer à Vovtchansk.

Vovtchansk se trouve au plus près du front, au nord-est de Kharkiv, tout près de la frontière russe. On ne peut plus entrer dans la ville à cause du danger. Tous les accès sont désormais sécurisés par des barrages filtrants gardés par la police ou l'armée. Passées les limites de la ville, on croise principalement des militaires sur les routes. On peut également voir des lignes de défense en train d'être construites et même des tranchées se faire aménager. 

À seulement 10km de Kharkiv, l'armée ukrainienne se prépare à toute éventualité.

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