Donald Trump a mis ses menaces à exécution. Ce jeudi 31 juillet, le président américain a signé le décret instaurant les nouveaux droits de douane qui toucheront les produits de plusieurs dizaines de pays. Avec cette décision, il souhaite "restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains", selon un document publié par la Maison Blanche.
Mais Washington a décidé de donner un léger sursis aux pays concernés : les nouveaux droits de douane prendront effet le jeudi 7 août, et non le vendredi 1er août, comme attendu initialement.
Les pays ayant déjà signé un accord avec les États-Unis vont donc subir les nouvelles taxes conclues. C'est notamment le cas des pays de l'Union européenne, du Japon ou de la Corée du Sud, qui seront taxés à hauteur de 15 %, ainsi que du Royaume-Uni, à 10 %. Mais les accords conclus jusqu'à présent sont le plus souvent des cadres de négociations aux détails assez vagues, devant ultérieurement déboucher sur des documents plus approfondis.
Le Mexique pourra souffler. Le pays échappe à une hausse douanière dès le 7 août, Donald Trump ayant annoncé avoir prolongé de 90 jours les droits de douane actuellement imposés à Mexico, ce qui revient à les maintenir à 25% sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain (ACEUM).
Claudia Sheinbaum et Donald Trump ont eu un appel téléphonique que la présidente du Mexique a décrit sur X comme "très bon", car il ouvre la porte à la recherche d'un accord par le dialogue. La dirigeante mexicaine a envoyé ces derniers jours plusieurs fonctionnaires à Washington pour tenter d'aboutir à un accord commercial.
En revanche, pas de détente en vue avec le Canada, qui voit, au contraire, les droits de douane appliqués à ses produits passer de 25 % à 35 %, une taxe qui ne concerne, là aussi, que les produits ne transitant pas dans le cadre de l'ACEUM. "Le Canada n'a pas été en mesure de coopérer afin de réduire le flot de fentanyl et autres drogues", entrant aux États-Unis, a regretté la Maison Blanche, justifiant cette décision, "et [Ottawa] a pris des mesures de représailles contre les États-Unis".
L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé mercredi un décret imposant 50 % de surtaxe douanière au Brésil, à l'exception de certains produits. Cette surtaxe fait office de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022.
Mais le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva ne compte pas en rester là et espère toujours obtenir gain de cause par le dialogue, après avoir dénoncé une "atteinte à la souveraineté". "La négociation n'est pas terminée, elle commence aujourd'hui", a déclaré à TV Globo le vice-président Geraldo Alckmin, principal responsable des tractations avec Washington.
L'Inde voit elle ses produits être taxés à 25%, auxquels s'ajoutera une "pénalité" non spécifiée pour les achats d'armes et d'énergie russes par New Delhi. "Peu m'importe ce que l'Inde fait avec la Russie. Ils peuvent faire sombrer leurs économies mortes ensemble, pour ce que ça m'importe", a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "Nous avons fait très peu d'affaires avec l'Inde, leurs droits de douane sont trop élevés, parmi les plus élevés au monde", a-t-il ajouté.
De nombreux pays espèrent encore arriver à un accord avec les États-Unis. C'est notamment le cas de Taïwan. Le président de l'État insulaire, Lai Ching-te, a mis en avant "la possibilité de réductions" promise par Washington "si un accord était conclu". Il a également affirmé que son gouvernement "s'efforcerait d'obtenir un niveau raisonnable de droits de douane".
De son côté, la Thaïlande a salué comme un "succès majeur" l'annonce de Donald Trump de ramener les taxes à 19 %, au lieu des 36 % initialement prévus. "Il s'agit d'une approche gagnant-gagnant visant à préserver la base exportatrice et la stabilité économique à long terme de la Thaïlande", a déclaré dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, Jirayu Huangsab.
Des taux qui s'appliqueront également au Cambodge. "C'est la meilleure nouvelle pour le peuple et l'économie [...] afin de poursuivre le développement du pays", s'est réjoui le Premier ministre cambodgien Hun Manet.
En revanche, les nouvelles sont moins réjouissantes pour la Suisse. La Maison Blanche prévoit d'imposer une surtaxe de 39 %, plus que les 31 % envisagés par Washington en avril, à rebours des efforts de négociations du gouvernement helvétique. Les États-Unis sont un gros débouché pour la Suisse qui y exporte surtout des médicaments, mais aussi des montres, des machines, des capsules de café, du fromage et du chocolat.
Le reste des partenaires commerciaux va donc voir les droits de douane appliqués à leurs produits s'échelonner entre 10 % et 41 %, dans le cas de la Syrie. D'une manière générale, la plupart des pays cités se voient imposer 15 % de droits de douane, quelques États se retrouvant à un taux plus élevé, à l'image de l'Afrique du Sud, à 30 % ou la Serbie, à 35%.
Ces surtaxes suscitent, depuis plusieurs semaines, l'inquiétude chez les entreprises exportant vers les États-Unis. "On ne sait pas quelle sera la gravité de l'impact mais il ne sera pas positif, c'est sûr", anticipe ainsi Laubscher Coetzee, un éleveur sud-africain d'autruches dont le cuir sert à fabriquer les santiags des plus prestigieuses marques du Texas.
Et si Donald Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, cela n'a pas rassuré les économistes, qui voient ces décisions peser sur l'inflation, en hausse, en juin, à 2,6 %, ainsi que sur la croissance américaine.
Une cour d'appel fédérale a commencé, ce jeudi, à Washington à examiner un appel devant déterminer si Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels en imposant ces surtaxes sans l'approbation du Congrès. Cela concerne les droits de douane quasiment universels, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas imposés à un secteur particulier comme l'automobile ou l'acier.
L'avocat des plaignants, des petites entreprises ainsi qu'une dizaine d'États américains, a notamment dénoncé "un accaparement de pouvoir sans précédent de la part d'un président en 200 ans", tandis que la plupart des juges de la cour d'appel ont laissé entrevoir leur scepticisme face aux arguments du gouvernement.
La Maison Blanche a déjà promis de saisir la Cour suprême si la décision lui était défavorable.
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