Quatre jours après l'effondrement du pont Morandi à Gênes, l'Italie a observé une journée de deuil national. Alors que le bilan de la catastrophe est monté à 40 morts confirmés et 3 autres probables, des funérailles solennelles ont eu lieu ce samedi 18 août, dans un hall du centre d'exposition de la ville. La cérémonie a débuté à 11h30 (9h30 GMT), tandis que sur le site du drame, des centaines de secouristes continuaient de se relayer à la recherche d'autres victimes.
Durant toute la journée, les drapeaux sont en berne et l'éclairage de nombreux monuments, dont le Colisée à Rome, s'éteindra dans la soirée. Pour la reprise du championnat de football ce week-end, les joueurs observeront une minute de silence et porteront un brassard noir. Les matches des deux équipes de Gênes, la Sampdoria et le Genoa, ont en revanche été reportés.
Dans un immense hall du parc des expositions transformé en chapelle ardente, 18 cercueils ont été alignés dès vendredi, dont le petit tout blanc de Samuele, 8 ans, la plus jeune victime, fauché avec ses parents alors que la famille partait prendre un ferry pour des vacances en Sardaigne. Veillés par des proches souvent en larmes, les cercueils étaient couverts de fleurs, de messages et de photos.
Le président italien Sergio Mattarella, les présidents des deux chambres du Parlement, la plupart des ministres ainsi que des représentants de gouvernements étrangers étaient présents, mais aussi, selon les médias, les principaux dirigeants d'Autostrade per l'Italia, la société gestionnaire de l'autoroute.
Les familles d'une partie des victimes ont cependant choisi de ne pas participer à la cérémonie, certains préférant des funérailles plus intimes et dans leur ville, d'autres annonçant clairement un boycott. "Mon fils a été assassiné", a répété vendredi sur toutes les ondes le père de l'un des quatre jeunes de Torre del Greco, près de Naples, morts sur la route de leurs vacances, en pointant la responsabilité de l'État dans le drame.
"On ne doit pas mourir de négligence, d'incurie, d'irresponsabilité, de superficialité, de bureaucratisme", a martelé l'archevêque de Naples, Crescenzio Sepe, dans son homélie lors des obsèques des quatre jeunes, célébrées vendredi comme pour d'autres victimes à travers l'Italie. À Gênes, l'archevêque Angelo Bagnasco, qui a célébré la messe de funérailles retransmise sur un écran géant, avait exprimé "tout son respect pour ceux qui ont refusé des funérailles d'État".
Face à l'émotion et à la colère, le gouvernement s'est livré à une surenchère dans l'indignation ces derniers jours, attaquant Autrostrade per l'Italia, la famille Benetton qui contrôle le groupe, l'incurie des gouvernements précédents - même si la Ligue a toujours été un allié au pouvoir de Silvio Berlusconi - et l'Union européenne.
Vendredi, le ministère des Infrastructures a officiellement adressé un courrier à Autostrade en vue de révoquer la concession de la société sur le tronçon du pont. La société "aura la possibilité d'apporter des arguments contradictoires dans les 15 jours, même si le désastre est un fait objectif et incontestable et que la charge de l'empêcher revenait au concessionnaire, sur lequel pèsent les obligations de maintenance et d'entretien", a annoncé le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, vendredi soir sur Facebook.
Après la cérémonie, les responsables du gouvernement vont participer à une réunion à la préfecture sur les mesures nécessaires pour la ville coupée en deux. Le nord de l'Italie se prépare aussi à un premier week-end de retour de vacances compliqué par la fermeture de cet axe majeur entre la France et l'Italie.
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