Gaza : le Hamas détourne-t-il l’aide humanitaire destinée aux civils ?

Alors que la situation demeure dramatique à Gaza, une question émerge : le Hamas détourne-t-il l’aide humanitaire, comme l’a affirmé sur RTL l’ambassadeur d'Israël en France ? Eh bien non, répondent les ONG interrogées.

Le 16 mai 2025, Joshua Zarka, l'ambassadeur d'Israël en France, était l’invité d’Yves Calvi sur RTL. Quand on lui parle de famine et d’absence d’aide humanitaire à Gaza, voilà ce qu’il répond.

“Les accusations d’extermination sont ridicules. La dernière fois que nous avions ce cessez-le-feu, nous avons vu que le Hamas avait utilisé l’aide humanitaire pour s’enrichir. Il prenait l’aide humanitaire, il pillait l’aide humanitaire et ensuite il la revendait aux Palestiniens”, affirmait Joshua Zarka. 

Mais qui dit vrai ? Qui est responsable de la situation humanitaire catastrophique ? Israël qui accuse le Hamas, ou le Hamas qui accuse Israël ? 

Des détournements massifs d’aide humanitaire causés par des bandes organisées

Lorsque l'on interroge plusieurs ONG présentes à Gaza, toutes répondent qu’elles n’avaient aucune preuve que le Hamas détourne massivement de l’aide humanitaire. Ni Médecins sans frontières (MSF), ni le Programme alimentaire des Nations unies, ne confirment ces affirmations. 

Mais reprenons les accusations d’Israël : les pillages, par exemple, il y en a eu d'après les ONG à Gaza, notamment entre octobre 2024 et la trêve instaurée mi-janvier 2025. Mais ces pillages étaient le fait de bandes organisées ou parfois même tout simplement de la population qui n’en peut plus de souffrir et attaque des entrepôts de nourriture. Alors ces bandes sont-elles liées au Hamas ? "Non", répondent les témoins humanitaires sur place. 

Ce sont des bandes bien organisées qui revendent l’aide à des prix élevés, ce qui provoque la colère de la population, et quand les policiers du Hamas, ou ce qu’il en reste, ont cherché à remettre de l’ordre, ils se sont faits parfois attaquer par l’armée israélienne, regrettent plusieurs humanitaires. 

Y'at'-il un système de rackets mis en place par le Hamas ?

L’autre accusation portée par Israël concerne un système de rackets que le Hamas aurait mis en place. Selon un habitant de la bande de Gaza qui connaît tout cela, c’est ce qui se passait avant le 7 octobre 2023 lorsque les marchandises entraient d’Israël vers Gaza. Il y avait à l’époque, selon cette source, 6 commerçants gazaouis sélectionnés par l’État hébreu qui recueillaient les marchandises. Et là, le Hamas les contrôlait, il voulait savoir ce qui entrait, et surtout, il taxait ces commerçants.

C’est vrai par exemple qu’avant l’attaque terroriste du Hamas, des tuyaux entrés à Gaza étaient détournés par les islamistes pour les incorporer dans leurs roquettes. Si ce racket généralisé a continué après le 7 octobre 2023, il serait très difficile dans la mesure où il n’y a plus rien ou presque qui entre d’Israël. Ce que ce Palestinien confiait également est que "si le Hamas pillait et détournait l’aide humanitaire à la hauteur que prétend Israël, il y aurait beaucoup plus de Gazaouis qui protesteraient contre eux. Car les gens n’ont rien à manger". Alors pour résumer, il y a probablement un peu de détournement d’aide au profit des combattants du Hamas, mais pas au point où Israël l’assure. 

Comment Israël cherche à contrôler l'aide humanitaire ?

On est donc en pleine bataille de la communication, alors que Benjamin Netanyahou refuse depuis deux mois toute entrée d’aide humanitaire à Gaza. L’humanitaire, même si le droit international le protège, est devenu un enjeu de la guerre. Israël, qui n’arrive pas à en finir avec le Hamas, voudrait encore plus contrôler cette aide humanitaire. Et les témoins gênants que sont les ONG redoutent d’en faire les frais lorsque le blocus sera levé. 

Elles ont peur que Benjamin Netanyahou militarise cette aide humanitaire. Qu’il choisisse les "bonnes" ONG, qui, à l’abri de l’armée, achemineraient cette aide à certains habitants seulement de la bande de Gaza. C’est un peu le plan de Donald Trump qui a créé une mystérieuse fondation dont personne ne sait encore comment elle va fonctionner, mais une chose est sûre, ce sera avec le concours d’Israël.

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