L'annonce a attristé de nombreux fonctionnaires de l’ONU à New York : une gigantesque tapisserie reproduisant le célèbre tableau Guernica, qui ornait l’entrée du conseil de sécurité depuis 1984, va être récupérée par la famille Rockefeller. Le secrétaire général de l’ONU s'est lui-même ému de la perte de cette tapisserie de six mètres de long rappelant aux dirigeants de la planète les horreurs de la guerre. Selon Antonio Guterres, son équipe et lui ont tout fait pour la conserver, en vain.
En peignant Guernica, Pablo Picasso dénonçait le bombardement de la ville en 1937 par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Initialement, Nelson Rockefeller voulait acquérir le tableau original, mais le peintre a refusé. En 1955, il commande finalement une tapisserie faite à partir de l'œuvre. Celle-ci va désormais retourner à la fondation Rockefeller, sans que l'on sache si elle va être vendue ou exposée.
Depuis 1984, cette tapisserie a dû connaître de nombreuses négociations. Elle a même été censurée par les Américains : le 5 février 2003 le secrétaire d’État Colin Powell doit annoncer l'existence d'armes de destruction massive en Irak. Le conférence de presse doit se tenir devant cette tapisserie, mais le symbole n'est pas terrible pour les États-Unis puisqu'il s'agit d'annoncer partir en guerre devant une œuvre symbolisant les horreurs de la guerre. La reproduction de Guernica a donc été recouverte d’un voile bleu, officiellement pour que les chaînes de télévision aient un fond uni.
La tapisserie est arrivée à l'ONU après un don de la veuve du milliardaire. Quand les dirigeants du monde entier ou les diplomates entraient dans la pièce, ils ne pouvaient pas manquer cette représentation iconique des ravages de la guerre. Cela leur rappelait en quelque sorte leur obligation de chercher avant tout la paix.
Désormais, la place est vide, la nouvelle ambassadrice américaine à l'ONU ayant précisé que les États-Unis ne demanderaient pas le retour de la tapisserie aux héritiers Rockefeller. Par la suite, le comité artistique des Nations unies devra décider quelle œuvre remplacera la tapisserie.
Il y a quelques années, le Mexique et l’Afrique du Sud s’étaient chamaillés pour pouvoir exposer une de leurs œuvres : une peinture pour le Mexique, une statue de Mandela pour l’Afrique du Sud. Le dirigeant de l’ONU avait trouvé une place pour les deux, car ces œuvres d’arts sont stratégiques. D'ailleurs, la France essaiera peut-être d'en placer une. De son côté, l’ONU va peut-être en profiter pour trouver un autre symbole. Il sera intéressant de voir lequel.
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