Les villes américaines ont connu une nouvelle nuit de manifestations. À l'origine de ce mouvement, il y a bien sûr la mort d'un noir américain, George Floyd, tué lors d'une interpellation policière, mais aussi des facteurs très pesants, et en particulier le prix particulièrement lourd que les noirs ont payé pour l'épidémie. Double prix en réalité.
Sur le
plan proprement sanitaire, ils constituent 12,5% de la population des États-Unis, et représentent 22,4% des décès. Parce que ce qu'on appelle la comorbidité, c'est-à-dire les
maladies chroniques qui rendent le virus plus dangereux, est bien plus
importante chez eux. L'hypertension par exemple, les frappe à 40%, contre 28%
chez les blancs. L'obésité, à 50% contre 42% chez les blancs. Leur couverture
médicale est aussi moins bonne.
Mais
ça n'est pas la cause des émeutes... Ça
n'est qu'un des éléments. À cela s'ajoute le prix économique de l'épidémie,
très mal réparti lui aussi. Il y avait en fait trois catégories différentes de
salariés pendant le confinement. D'abord, ceux qui étaient en télétravail.
Ensuite, ceux qui ont continué à travailler par nécessité, au prix du risque de
contamination, et enfin, ceux qui ont été licenciés, le chômage ayant progressé
de plusieurs dizaines de millions de personnes en deux mois.
Les noirs étaient pour une forte majorité dans les deux dernières catégories, alors que les blancs étaient les plus importants et de loin dans la première, la plus confortable. Les noirs américains, alors qu'ils ne comptent que pour 11,9% des actifs, pèsent pour 26% des employés des transports, 18% des salariés de la logistique, et 19% des travailleurs sociaux qui ont été mobilisés pendant l'épidémie.
Et
côté chômage, ça n'est pas nouveau, les noirs sont toujours ce qu'on appelle
les lifo, last in first out. Autrement dit, lorsque la croissance est là, ce
sont les derniers à profiter de l'embellie, et lorsque la récession pointe, les
premiers à être licenciés. Le taux de chômage des blancs est ainsi, après le
confinement, de 14,2%, alors que celui des noirs de près de 17%. Les plus
exposées sont les femmes noires, qui sont la catégorie qui, aux États-Unis,
travaille le plus. Parce qu'elles sont nombreuses à vivre en ménage
monoparental, élevant seules leurs enfants, bien plus que les blanches, qui
vivent davantage en couple.
Au fil du temps, ces inégalités ne se sont absolument pas réduites. Sur ce chapitre, la présidence de Barack Obama n'a rien changé, au-delà du symbole. Pire, les différences de richesse moyennes se sont en réalité accrues. Depuis 1990, le patrimoine moyen des noirs n'a quasiment pas évolué, oscillant autour de 200.000 dollars, alors que celui des blancs est passé de 500.000 à 1.100.000 dollars sur la même période, il a plus que doublé.
Écart encore
sur le salaire moyen, 21 dollars de l'heure pour un noir, près de 29 pour un
blanc. Une différence qui s'explique notamment par la différence de formation,
les non qualifiés pesant pour 14,7% des noirs contre seulement 8,3% pour les
blancs. Mais même à qualification identique, il subsiste une prime importante
pour les blancs. Le taux de pauvreté chez les noirs est donc de 20,7%, alors
qu'il n'est que de 8,1% chez les blancs. L'épargne moyenne, 49.500 dollars chez
les blancs, 8.700 chez les noirs. La fracture raciale se mesure de façon
brutale dans les chiffres de l'économie.
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