À Ollières, une des deux communes concernées par ce projet de parc éolien, les habitants sont partagés. Les anti-éoliens ne désarment pas mais les éoliennes tournent déjà. 22 éoliennes de 125 mètres de haut, qui culminent sur la crête de deux collines au cœur du Haut-Var et qui produisent déjà de l'électricité. La toile de fond n'est pas n'importe laquelle. La montagne Sainte-Victoire, ce joyau provençal, se trouve à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau. Et ces éoliennes sont visibles de tous les alentours.
"Ces éoliennes se trouvent au milieu de trois sites exceptionnels : celui de la Sainte-Victoire, le parc naturel régional du Verdon et le parc naturel de la Sainte-Beaume. Et on décide de planter une industrie éolienne polluante en plein milieu. C'est incompréhensible", déplore Marc-Antoine Chavanis, de l'association Sites et monuments, une des associations vent debout contre "ces monstres d'acier".
Au-delà de l'impact visuel, le constructeur n'a pas hésité à défricher des collines couvertes de forêts de chênes blancs, un chantier pas très écolo selon Marc-Antoine Chavanis. "Il a fallu écréter la colline, déboiser et couler du béton. Chaque éolienne représente environ 1.500 tonnes de béton qui sont là ad vitam æternam. La durée de vie de l'éolienne est de 20 ans. Dans 20 ans, il faudra déconstruire. C'est 900.000 euros par éolienne. Ça veut dire aussi qu'on va laisser sur place les 1.500 tonnes de béton, les câbles et on ne pourra pas recycler non plus les pâles de 45 mètres qui sont en carbone".
Des associations sont opposées à ce parc éolien. De leur côté, les habitants sont partagés. Il y a ceux qui, comme Sébastien, font contre mauvaise fortune bon cœur. "Moi je n'ai rien contre les éoliennes. Elles sont loin du village et ne dérangent personne. Je pense que c'est bien. Il faut tabler sur les énergies vertes".
Et puis il y a ceux qui sont un peu plus concernés. Joëlle élève des bêtes dans une petite ferme, au pied de la colline. Elle est cernée par le parc éolien. Et par vent fort, ça devient intenable, selon elle. "Ça fait comme si vous aviez un avion qui passe au-dessus mais qui reste. Les oies sont déboussolées. Elles s'envolent de partout et ne pondent plus. On les récupère à droite à gauche pour les ramener dans les enclos. Les chiens aboient sans cesse en regardant les pâles des éoliennes alors qu'ils sont calmes d'ordinaire. Tout le monde est perturbé".
Ces éoliennes ont été autorisées à être érigées. Les associations livrent une bataille juridique depuis plusieurs années. Les opposants pensaient pouvoir faire stopper les travaux suite à un jugement en leur faveur du tribunal administratif de Toulon, il y a un an, en février 2020.
Mais quelques semaines plus tard, à travers un arrêté, la préfecture du Var a demandé à l'exploitant de régulariser sa situation en présentant une nouvelle autorisation environnementale tout en permettant la poursuite du montage des éoliennes. Ce que contestent les associations.
Provencialis, l'exploitant, n'en attendait pas tant. En 6 mois, les 22 éoliennes sont sorties de terre. C'est cet arrêté que conteste aujourd'hui le maire d'Ollières, Arnaud Fauquet-Lemaître, qui voit dans cette affaire une convergence d'intérêts alors que la commune n'a aucune retombée économique.
"C'est extrêmement rémunérateur pour l'exploitant, qui installe les éoliennes et les exploite ensuite, pour le propriétaire du terrain, qui n'est pas la commune, qui touche les loyers, pour le département et la communauté d'agglomérations touchent les taxes, pour les services de l'État sont là pour faire appliquer la volonté de l'État sur la transition énergétique. Il y a un groupement d'intérêts qui se fait au détriment des communes sur lesquelles les éoliennes sont installées", explique l'édile..
À noter que l'exploitant Provencialis que nous avons tenté de contacter, est resté injoignable ces jours-ci.