ÉDITO - Reconnaissance d'un État palestinien : "Macron déteste qu’on lui force la main", réagit Alba Ventura

Quand Emmanuel Macron parle de "moment utile", il est parfaitement aligné sur la position qui a été celle de tous les présidents français depuis Jacques Chirac. On a toujours soutenu la création d’un État palestinien, mais la diplomatie française n’aimant pas la rupture, on n’a jamais franchi le pas, pour ne pas se mettre à dos Israël. Pour ne pas se couper des Israéliens. 

La France s'est toujours tenue à cette égale distance entre les Israéliens et les Palestiniens. La question qui se pose, c’est : est-ce qu’avec Netanyahu, ça tient toujours ? Est-ce qu’il ne faut pas passer outre la position longtemps défendue, face à un chef de gouvernement israélien qui n’a aucune volonté de négocier ? Emmanuel Macron ne veut pas répondre à cette question dans la précipitation.
 
Emmanuel Macron déteste qu’on lui force la main. Il est le maître des horloges. Puis, nous sommes à moins de deux semaines des élections européennes. Le Président a bien vu la position très hostile de la droite, exprimée par le candidat LR aux européennes François-Xavier Bellamy : "reconnaître maintenant un État palestinien, ce serait un grave danger" dit-il. "Cela donnerait raison à ceux qui ont déclenché l’attentat terroriste du 7 octobre." Voilà encore une raison pour laquelle Emmanuel Macron qui aura besoin de la droite après le scrutin du 10 juin, préfère temporiser. 

Quel rôle joue la France ?

Il n’y a qu’à consulter l’agenda du président Macron pour comprendre le rôle de la France, le rôle qu’entend jouer Emmanuel Macron. Entre son déplacement en Nouvelle-Calédonie et sa visite d’État en Allemagne, le président a reçu à l’Élysée le Premier ministre du Qatar. Il a reçu les ministres des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite, de Jordanie et d’Égypte. Il s’est entretenu au téléphone avec le prince héritier Saoudien. Comme il le fait avec les dirigeants des Émirats arabes unis. 

En ce moment, les États-Unis sont plongés dans leur élection présidentielle, l’Europe est divisée. Emmanuel Macron a sans doute l’espoir de mettre en place avec les pays arabes, avec les monarchies du Golfe, un plan de Paix. Qu’il se fera fort d’annoncer le moment voulu dans un grand discours comme le Président aime si bien le faire. 
 
L’Espagne, l’Irlande et la Norvège se sont officiellement prononcés pour la reconnaissance d’un État palestinien. Cela vient remettre un coup de pression, ça envoie un message très hostile au gouvernement de Netanyahu. Même si l’Espagne n’est pas la France. L’Irlande et la Norvège sont des petits pays, mais vous avez vu la réaction d’Israël ? C'était très violent, ils ont été piqués. Donc ça crée un climat, ça maintient une tension.