ÉDITO - Législatives en Géorgie : "L’Europe va-t-elle se résigner à être le paillasson de Vladimir Poutine ?", s'interroge Gernelle

Ce qu’elle dit est exact. Vous savez, Salomé Zourabichvili, la présidente géorgienne, c’est par ailleurs une ancienne diplomate française. C’est quelqu’un de très sérieux, pondéré. Pas le genre à hurler pour rien.

Ce qui est en train de se passer en Géorgie, c’est tout simplement la prise de contrôle du pays par Vladimir Poutine. Sauf que contrairement à l’Ukraine, cela se fait sans chars et sans canons. Ça se fait à coups de fraudes, d’achats de voix, de pressions sur les fonctionnaires. Beaucoup d’observateurs le confirment. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si la Géorgie est l’objet d’une opération russe, c’est nous la cible.

Le clivage politique géorgien, c’est l’Europe. Le pays est officiellement candidat à y entrer depuis 2023. Je suis passé à Tbilissi cet été, et je crois que je n’ai jamais vu autant de drapeaux européens dans aucune ville d’Europe. Et c’est précisément ce qui fâche Poutine, qui s’en prend, comme en Ukraine, comme en Moldavie, à tout ce qui se tourne vers l’Europe. 

En Géorgie, il peut compter sur le milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui contrôle en sous-main le pays, par sa puissance économique, et le parti au pouvoir qu’il a fondé. C’est lui l’agent du Kremlin dans cette affaire.

Les élections ont-elles été complètement truquées ?

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Les campagnes sont plus sensibles au discours pro-russe. L’Église orthodoxe aussi, qui a servi de relais. Et puis le camp pro-européen était divisé. Mais tout de même,10 à 15 % des votes ont été truqués, selon une source très bien placée en Géorgie. Cela suffit à faire basculer une élection. Le Kremlin sait faire de la guerre hybride. Et nous, Européens, on ne montre qu’une chose, notre mollesse.

L'Europe est passive et c'est accablant. Le Kremlin s’en prend à une démocratie qui se réclame de nos valeurs, et que fait la Commission européenne, que fait le Quai d’Orsay ? Ils réclament une enquête... Ah, bravo ! Ça doit le faire trembler, Poutine ! Et puis pas un mot à cette heure d’Emmanuel Macron.

Notons d’ailleurs qu’Ivanichvili, qui a, lui aussi, un passeport français, a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 2021. La vraie question c'est : l’Europe va-t-elle se résigner à être le paillasson de Vladimir Poutine ?