Voilà quarante ans en effet qu’on n’a pas connu cela. Et à l’époque, 7% c’était un net mieux par rapport à 1980, où l’inflation avait atteint presque 15%. En clair, ça baissait. Nous faisons le chemin exactement inverse aujourd’hui : on croise 1982 dans la côte.
Et on observe ces records dans la plupart des pays du monde, au Royaume-Uni, dans la Zone euro, où c’est 5%, plus haut de 25 ans – c’est un peu moins en France, on est juste en dessous de 3%. La question c’est bien sûr : jusqu’où ça va monter ?
On entre dans une période beaucoup plus inflationniste qu’avant. Et j’observe que les économistes, les banquiers centraux, commencent à changer d’avis. Cela fait des mois qu’ils nous disaient : c’est transitoire. Aujourd’hui, ils sont bien plus prudents. Ils rejoignent peu à peu les industriels, qui me disaient, eux, au vu des prix qu’ils payent pour les matières premières, les pièces détachées, et même la main-d’œuvre, que l’inflation était là pour durer.
Un, à cause de l’épidémie, les chaînes d’approvisionnement mondiales fonctionnent moins bien. Il y a de longs délais pour obtenir des circuits électroniques ou de simples vélos. Deux, la demande est très forte, car le monde entier repart en même temps, et les revenus des ménages ont été soutenus par de puissantes aides gouvernementales. Offre en baisse, demande en hausse, ça fait monter les prix.
Et il faut ajouter le fait qu'aux États-Unis au moins, la population active a rétréci. Des millions de travailleurs ont abandonné leur poste depuis le virus, on ne sait pas très bien ce qu’ils font. Du coup, pour recruter, il faut payer de meilleurs salaires. Cela fait monter le prix des services comme la restauration.
Pas sûr du tout. La mondialisation a vraiment changé, ça n’est plus un système fluide. Certains pays bloquent l’exportation de métaux stratégiques, de biens médicaux. Les frontières sont revenues. Il est possible que la Chine, aujourd’hui complètement fermée pour raison d’épidémie, ne se rouvre jamais. Au moins jamais comme elle l’a été au début des années 2000.
L’ouverture de la Chine, facteur puissamment désinflationniste parce qu’il nous a permis de nous approvisionner à bas prix, est d’ailleurs une anomalie dans l’histoire du pays. La confrontation entre la Chine et l’Amérique provoque aussi une scission du secteur technologique mondial, du secteur financier.
Le monde se fragmente. Et c’est un facteur inflationniste, parce que tout devient plus long et compliqué. Autre élément, démographie, avec la raréfaction de la ressource humaine en âge de travailler, en Amérique, en Asie, en Europe, est aussi une cause durable d’inflation, parce qu’elle va faire grimper les salaires.
La seule méthode, le seul vaccin, c’est de remonter le coût du crédit, les taux d’intérêt. Ce sont les banques centrales qui font cela, pour empêcher les entreprises, les états et les ménages de dépenser davantage, de façon, à ce que les prix restent plus sages. Le problème, ce sont les conséquences sur l’activité économique. En clair, ralentir l’inflation, ça impose de casser la reprise. C’est probablement ce qui va se passer en 2022.
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