ÉDITO - Cyclone Chido à Mayotte : le département oublié de la République

Mayotte a subi de plein fouet le passage meurtrier du cyclone Chido. Des dégâts hors-normes dans ce département le plus pauvre de France qui est un peu le grand oublié de la République.
 
Mayotte apparaît comme un territoire maudit des dieux qui cumule tous les handicaps. Deux îles, moins de 400 km 2, c’est le vingtième d’un département français moyen. Un peu plus de 320.000 habitants, en expansion constante, sous l’effet d’une immigration clandestine largement incontrôlée, et d’une natalité explosive. Mayotte est français depuis 1841, mais c'est le 101ème département français depuis 2011 seulement, après un référendum et un accord signé par le gouvernement Jospin, en 1999. 
 
Au plan économique, Mayotte est ce qu'on appelle une économie fantoche, qui ne tient qu’avec les transferts financiers de Paris. 80% du PIB local, ce sont les subventions de l’état français, les salaires des fonctionnaires et aides diverses. Il n’y a pas de ressources. Aucune. Le département importe tout ou presque. Même le tourisme est très faible, comparé à celui des autres îles de l’océan Indien, à cause de l’insécurité endémique, des émeutes récurrentes, de l’absence d’infrastructures, de la pénurie d’eau potable liée à la surpopulation, et de la sous-productivité de la main d’œuvre, 35%, environ par rapport aux chiffres nationaux. 
 
Les seuls secteurs privés qui tiennent à peu près, ce sont la construction et la distribution, qui vivent indirectement des transferts en provenance de Paris. Mayotte enregistre un chômage de 37% selon l’INSEE, ce taux n’ayant pas beaucoup de sens car une grande partie de l’économie est informelle. Seuls 30% des personnes en âge de travailler sont dans des emplois dument recensés. 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14% au plan national. Le PIB par habitant est quatre fois inférieur à celui d’un Français moyen. 
 
Les images qui arrivent montrent des habitats dévastés, notamment parce qu’ils étaient de très mauvaise qualité. 30 à 40% des habitations sont de type bidonville, largement occupé par des immigrés clandestins. C’est un habitat de pays pauvre, comme on peut en voir dans les pays d’Afrique. Seul un habitant sur quatre à une adresse officielle et correcte, selon la Cour des comptes.

Que fait l'État français ?

La France paye quelque 2 milliards par an. Mais les rapports de la Cour des comptes sont d’une sévérité sans égal. Aucun plan de développement sérieusement conçu et suivi, des services de l’état sur place dépassés par les gigantesques problèmes, en particulier le flot d’immigration illégale venu des Comores, voisines, et de république démocratique du Congo, et l’insécurité qui en découle. Les femmes viennent notamment accoucher à Mayotte, pour donner à leur enfant la nationalité française, en vertu du droit du sol, et obtenir ainsi un titre de séjour.  Avant le cyclone, on prévoyait que d’ici 2050, la population de Mayotte pourrait doubler et atteindre 700.000 habitants, sous l’effet de cette immigration et de la natalité.