"Nous savons défendre nos intérêts". À ceux qui en doutaient encore, Vladimir Poutine a encore rappelé mercredi 21 avril, lors de son discours annuel à la Nation, qu'il avait nulle l'intention de se laisser intimider par les Occidentaux et leurs menaces de sanctions internationales.
Bien au contraire. Que ce soit à la frontière ukrainienne, où il a massé (puis retiré en fin de semaine) des centaines de milliers d'hommes, en mer noire où dans l'Arctique, où l'armée réinvestie des bases soviétiques, le maître du Kremlin veut redorer le blason de la puissance russe aux yeux du monde, même si pour cela une surenchère militaire s'avère nécessaire.
Car la stratégie déployée par Poutine pour peser à la table des négociations passe immanquablement par la modernisation de sa force de frappe militaire, et notamment nucléaire. "D'ici 2024, la part des armes et équipements modernes dans l'armée sera de près de 76%", se félicitait-il mercredi. "Et dans la triade nucléaire (ndlr : aérien, terrestre et maritime) cette année, elle dépassera les 88%.
Un effort, si ce n'est de guerre, du moins de première ordre. Vladimir Poutine a ainsi promis, en autres, que les missiles hypersoniques Tsirkon, capable de voyager furtivement à huit fois la vitesse du son, "seront mis en alerte dans un avenir proche". Le président russe n'a manqué non plus de mentionner "d’autres systèmes de combat de pointe, notamment Poséidon", officiellement toujours en développement.
La perspective de la finalisation de cette terrifiante "super torpille" nucléaire, capable d'engendrer des "tsunamis radioactifs" en échappant aux défense côtières, effraye l'Etat-major américain. Et à raison. Le programme "Poseidon 2M39" serait, selon des experts, conçu pour contenir une ogive de plusieurs mégatonnes. Son principe : rendre invivables des littoraux entiers pendant des décennies.
Un réarmement d'envergure, inédit depuis la chute du bloc soviétique, et décidé pour contrer l'armée américaine sur ses positions stratégiques. D'autres signes témoignent également de cette politique de réaffirmation militaire de la Russie : l'ouverture ou la modernisation de bases, les tests de nouveaux missiles et drones, des simulations d'attaques contre des sites occidentaux ou encore des déploiements maritimes et aériens de plus en plus lointains.
En mars 2020, le président russe avait ordonné "le renforcement des capacités militaires" et la "création et la modernisation des infrastructures militaires" dans l'Arctique d'ici 2035. La puissante Flotte du Nord, forte de 86 bâtiments dont 42 submersibles, avait ainsi été la première à se doter d'un sous-marin nucléaire de quatrième génération de la classe Boreï.
Fin mars, la Russie était aussi engagée dans de nouveaux exercices militaires, toujours en Arctique, région où ses intérêts s'opposent à ceux de plusieurs pays dont les Etats-Unis. Ces derniers ont envoyé en février des bombardiers s'entraîner en Norvège et déployé des navires l'année dernière en mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie.
Mais voilà, Vladimir Poutine a fait de l'exploitation économique de l'Arctique une priorité stratégique, notamment via la création d'une voie maritime le long des côtes nord pour relier l'Europe à l'Asie et concurrencer le Canal du Suez. Cette route maritime, rendue plus praticable grâce au réchauffement climatique et la fonte des glaces, est amenée à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux.
Côté militaire, la Russie n'a donc cessé d'accroître son dispositif au-delà du cercle polaire ces dernières années, y rouvrant et modernisant plusieurs bases et aérodromes abandonnés depuis la fin de l'époque soviétique. Fin mars, les manœuvres dans la région impliquaient également une simulation de la destruction d'un avion par des systèmes anti-aériens Pantsir-S1, le ravitaillement en vol de chasseurs MiG-31 et la neutralisation d'une attaque de drones.
Ces manœuvres faisaient suite à un exercice naval, lorsque trois sous-marins à propulsion nucléaire ont fait surface dans les glaces de l'Arctique, une première dans l'histoire de la Russie post-soviétique. Pour l'amiral russe à la retraite Viktor Kravtchenko, le message adressé à ses rivaux étrangers dans la région était claire: "n'essayez pas de maîtriser les mers du Nord. Nous sommes ici depuis longtemps".
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