Crash à Washington : boîtes noires, victimes, Trump... Le point sur l'enquête

La collision mercredi 29 janvier entre un hélicoptère militaire et un avion civil s'apprêtant à atterrir à l'aéroport Ronald-Reagan de Washington a laissé les experts perplexes, compte tenu des conditions météorologiques parfaites et des contrôles stricts dans un des corridors aériens les plus utilisés au monde.

L'enregistreur vocal du cockpit et l'enregistreur des données de vol ont été récupérées de l'avion de ligne par les enquêteurs depuis les eaux glaciales du fleuve Potomac. 

Ces deux boîtes noires sont désormais analysées par l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), chargés de déterminer les origines de cet accident aérien sans survivant (67 morts, dont plusieurs membres de la communauté de patinage artistique), le plus grave aux États-Unis depuis plus de 20 ans.

Les responsables du NTSB ont insisté jeudi sur le fait qu'ils ne disposaient de "pas d'assez d'éléments" à ce stade pour établir ou exclure des causes, indiquant qu'ils comptent publier un rapport préliminaire "dans les 30 jours". Mais pour Donald Trump, comme pour son ministre des Transports et de nombreux experts, cette collision aurait "dû être évitée".

Trump met en cause la diversité

L'hélicoptère "suivait une trajectoire incroyablement mauvaise", a déclaré le président américain lors d'un point presse. Et de poursuivre : "Il y a eu une convergence de mauvaises décisions qui ont été prises." "J'ai donné la priorité à la sécurité. Obama et Biden et les démocrates ont mis la politique en premier", a-t-il attaqué depuis le podium de la Maison Blanche, accusant ses prédécesseurs d'avoir affaibli les exigences en matière de sécurité aérienne.

Il a aussi ciblé les programmes promouvant la diversité au sein de l'administration américaine, et plus spécifiquement du régulateur américain de l'aviation, la FA-A. "Ils ont même donné une directive : 'Trop blanc'. Or nous voulons des gens compétents", a lancé le président républicain, qui a aussi promis une enquête approfondie pour établir les causes de l'accident. 

Ancien ministre des Transports sous la présidence Biden, le démocrate Pete Buttigieg a qualifié cette mise en cause d'"abjecte". "Alors que les familles sont en deuil, M. Trump devrait diriger, et non mentir", a-t-il déclaré.

Pressé de questions pour savoir s'il mettait directement en cause les contrôleurs aériens et les politiques de diversité pour expliquer la catastrophe, Donald Trump a reconnu "ne pas savoir" encore, ajoutant que "ça a pu être" le cas. 

Pour appuyer encore son propos, il a signé un nouveau décret pour renforcer encore la chasse à ces programmes qu'il a qualifié de "discrimination honteuse".

Un espace aérien saturé et... très surveillé

L'accident a eu lieu dans un espace aérien saturé et... très surveillé, au-dessus d'une ville n'ayant pas connu de drame aérien majeur depuis l'attaque d'Al Qaeda contre le Pentagone, voisin de l'aéroport Ronald-Reagan, le 11 septembre 2001.

Selon un responsable du service de suivi des vols Flightradar24, Ian Petchenik, la collision a eu lieu à environ 300 pieds d'altitude (90 mètres), quelques secondes avant l'atterrissage. "La limite de la piste est au bord de la rivière. (L'avion) était sur le point de toucher terre", a-t-il souligné sur la chaîne WUSA-TV à Washington.

L'espace aérien autour de l'aéroport est habitué à tenir compte des vols d'hélicoptères, y compris des vols militaires entre le Pentagone et les bases alentour, des patrouilles des gardes-côtes, ou encore des hélicoptères des Marines qui transportent le président à la Maison Blanche.

Les avions commerciaux sont eux équipés d'un système d'alerte et d'évitement des collisions (TCAS), prévu normalement pour prévenir le pilote de la présence d'appareils à proximité mais aussi pour donner des instructions d'urgence destinées à éviter la collision.

Les lunettes de vision nocturne en cause ?

Dans un espace aérien aussi chargé, les appareils civils et militaires sont souvent "mélangés", a rappelé Jeff Guzzetti, ex-membre de l'Agence américain de sécurité des transports (NTSB) et de l'Agence fédérale de l'aviation (FAA).

Malgré les bonnes conditions météorologiques, les enquêteurs vont examiner "la capacité humaine à détecter des objets de nuit", a-t-il prédit. Les militaires de l'hélicoptère portaient des lunettes de vision nocturne, qui pourraient avoir subi des interférences avec les lumières de la ville.

Pour l'ancien officier du corps aérien de l'armée britannique George Bacon, qui a volé sur des hélicoptères militaires dans l'espace aérien américain, ces lunettes ont pu jouer un rôle dans l'accident. "Même si elles permettent quasiment de voir comme en plein jour, elles provoquent comme un 'effet tunnel' (le fait de venir brouiller la perception entre le centre et ce qui se passe en périphérie, ndlr) et être perturbées par les lumières, a-t-il détaillé.

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