Coronavirus : qu'est-ce que la dette des pays africains, que Macron veut annuler ?
Au cours des dix dernières années, la dette africaine a doublé pour atteindre aujourd’hui 365 milliards de dollars, dont 145 sont dus à la Chine.

Pour "aider" les pays africains face au coronavirus, Emmanuel Macron a appelé lundi 13 avril à "annuler massivement leur dette". Alors que la pandémie progresse sur le continent, avec des conséquences économiques potentiellement désastreuses, la demande a également été formulée par le président sénégalais Macky Sall, ou encore par le pape François Ier, lors de sa bénédiction pascale
Plusieurs institutions internationales telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI) ont aussi réclamé un effort international pour les pays les plus démunis et différentes solutions existent pour alléger les dettes de ces pays africains. Il peut s'agir d'un moratoire, d'un allègement, d'un rééchelonnement ou, comme le préconise Emmanuel Macron, d'une annulation pure et simple de la dette.
Car, face à la crise sanitaire et au poids de la dette privée, le choc économique engendré par la pandémie nécessite des capacités budgétaires sans précédents pour ces pays vulnérables, le poids de la dette les empêchant de dégager de nouveaux moyens économiques. En effet, RFI rappelle que, au cours des dix dernières années, la dette africaine a doublé pour atteindre aujourd’hui 365 milliards de dollars, dont 145 sont dus à la Chine.
Présente sur le continent depuis 15 ans, la Chine est en effet devenu l'un des plus importants créditeurs de pays tels que la Zambie, le Kenya ou l'Angola. En outre, comme l'explique Les Echos, "environ la moitié de la dette extérieure africaine est aujourd'hui détenue par des banques commerciales".
Le FMI valide une aide d'urgence pour 25 pays
Avec la crise financière, les faibles taux d'intérêt ont attiré les pays africains sur les marchés financiers, les poussant à émettre des eurobonds, des titres de dettes libellées en monnaie étrangères. Les créanciers privés ayant depuis acquis un tiers de leur dette publique les taux ont flambé de 5 à 10%, "mettant les finances étatiques sous pression", indique Le Monde.
C'est pourquoi le chef de l'État a indiqué son souhait d’annuler les dettes européennes et françaises qui pèsent sur ces pays. Cette semaine, la question sera débattue par les pays du G20 en marge de la réunion de printemps du FM qui a déjà annoncé, lundi, le versement d'une aide d'urgence à 25 pays parmi les plus pauvres du monde. Cette mesure devrait permettre de couvrir pour six mois les remboursements de la dette envers le FMI et "d'allouer une plus grande partie de leurs maigres ressources à leurs efforts en matière d'urgence médicale et d'aide", souligne l'institution.
Parmi ces 25 pays figurent une majorité de pays africains, tels que le Bénin, le Burkina Faso, la Centrafrique, le Tchad, les Comores, la RD Congo, la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, Madagascar, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, São Tomé et Príncipe, la Sierra Leone ou encore le Togo.
Cet allègement de la dette passe par le Fonds fiduciaire d'assistance et de riposte aux catastrophes (fonds fiduciaire ARC) qui permet au Fonds d'accorder un allégement de dette sous forme de dons aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables frappés par une catastrophe naturelle ou de santé publique aux conséquences désastreuses.