Corée du Nord : le jean d’un journaliste censuré à la télévision

On a connu des censures plus efficaces. À la télévision nord-coréenne, il est extrêmement rare de pouvoir assister à la diffusion d'un programme occidental. Mais une émission fait exception, et ce, depuis plusieurs années. Il s'agit de Garden Secrets (Les secrets du jardin), présentée par le journaliste spécialisé dans le jardinage Alan Titchmarsh. 

Comme le note le Guardian, sa manière apaisée de transmettre, depuis des dizaines d'années, sa passion et son savoir, a su séduire jusqu'à l'un des régimes les plus stricts du monde. Mais, du côté de Pyongyang, cette ouverture sur l'univers du roi britannique de la main verte a ses limites. Dans un épisode de son émission diffusé le 25 mars dernier sur la chaîne officielle Korean Central Television, les jambes d'Alan Titchmarsh sont floutées. Son jean a plus ou moins soigneusement été effacé par les équipes de la chaîne, désireuses de ne pas assurer la promotion d'un symbole de l'impérialisme américain. Le jardinier présente donc son émission à moitié flou, à partir de la taille. 

En Corée du Nord, le jean est interdit depuis les années 1990, époque à laquelle Kim Jong-il, père du dirigeant actuel Kim Jong-un, l'a déclaré symbole occidental qui n'a pas sa place dans l'État communiste. 

L'épisode, diffusé en 2010 au Royaume-Uni, a été réduit d'une heure à 15 minutes et a été agrémenté de commentaires de présentateurs nord-coréens et d'un nouveau fond musical. Alan Titchmarsh sait depuis 2022 que ses émissions sont diffusées et regardées en Corée du Nord. "Je n'ai jamais imaginé que mes émissions puissent un jour atteindre la Corée du Nord, assurait-il en apprenant la nouvelle. J'espère que la nature apaisante du jardinage britannique y sera bien reçue".

Informé de cette forme de censure, il concède aujourd'hui auprès de la BBC : "Je ne me suis jamais envisagé comme un impérialiste dangereux et subversif. Je suis généralement considéré comme quelqu'un de plutôt inoffensif, donc tout cela m'apporte un peu de 'street cred' n'est-ce pas ?". 

Difficile de savoir pourquoi et comment l'émission d'Alan Titchmarsh est ainsi devenue l'un des très rares programmes occidentaux à figurer à la télévision nord-coréenne, aimé au point que l'on fasse l'effort de dissimuler son jean.