Washington a formellement notifié a l’ONU sa décision de sortir de l’Accord de Paris sur le climat. Donald Trump l’a annoncé il y a deux ans et demi, mais dans les faits il ne s’était encore rien passé. Pour des raisons juridiques, il ne pouvaient pas enclencher leur sortie de l’accord avant ce lundi 4 novembre.
En effet, aucun pays ne pouvait officiellement annuler sa signature avant le troisième anniversaire de l'entrée en vigueur de l'accord, le 4 novembre 2016. C’est donc fait, les Américains n’ont pas attendu un jour de plus. Le retrait sera effectif un an après la notification donc le 4 novembre 2020, soit le lendemain de l’élection présidentielle, le lendemain de la réélection ou de la défaite de Donald Trump.
Si l’administration Trump s’empresse de
déclencher le processus, dès le premier jour où c’est possible, c’est
d’abord pour envoyer un message politique à son électorat. Il a tenu sa
promesse de 2016. Il répète souvent dans ses réunions publiques que le dérèglement climatique est un canular, il moque les démocrates qui
promettent un grand plan vert. "Ça va coûter des dizaines de milliers de
milliards de dollars", hurlent les partisans de Trump, relayés par
certaines émissions de FOX News, qui font des graphiques farfelus avec
des pets de vaches pour moquer ceux qui expliquent que l’élevage
contribue aux émissions de carbone.
Même si des villes, des états américains, des
entreprises, font des efforts pour prendre le relais de l’État fédéral, Donald Trump a
annulé les régulations mises en place sous Obama pour limiter les gaz à
effet de serre des centrales électriques, des puits de pétrole, des
voitures. Les anciennes centrales au charbon peuvent fonctionner plus
longtemps.
En fait ce n’est pas que le dérèglement
climatique ne l’intéresse pas. Au contraire.
Il voit un grand intérêt
politique à cette question : il veut faire passer un message très simple
aux électeurs : l’écologie c’est mauvais pour l’économie, à vous de
choisir entre l’écologie et l’économie. C’est caricatural, mais c’est un
message qui permet de rassembler sa base, notamment dans les états
industriels où il fait toujours croire que le "charbon propre" entre
guillemets est un secteur d’avenir. En Pennsylvanie, dans le Michigan,
état de l’automobile, des états clés de l’élection, cette question ,
"écologie contre économie ?", peut faire basculer le vote.
Si un démocrate
qui a promis de revenir dans l’accord est élu en 2020, logiquement les États-Unis sortiront quand même,
mais comment pourraient-ils re-rentrer une fois le nouveau président en
place ? Joe Biden, l’ancien vice-président d’Obama, qui est pour
l’instant le mieux placé pour affronter Trump, promet de revenir dans
l’accord, mais il est plus prudent que d’autres quand il parle de climat. Car
il sait qu’il a besoin de l’électorat des cols bleus pour être élu face
à Trump.
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