Les accusations de répression contre la communauté musulmane Ouïghour se multiplient. Une semaine après la rupture du contrat entre le footballeur Antoine Griezmann et le géant chinois des smartphones et des télécoms Huawei, Alibaba est soupçonnée d'avoir conçu un logiciel de reconnaissance faciale capable d'identifier les membres de la communauté religieuse, révèle le New York Times.
D'après le quotidien, le mastodonte chinois du commerce en ligne aurait expliqué sur son site comment utiliser un logiciel de reconnaissance faciale afin de détecter dans les photos et vidéos des Ouïghours ou d'autres minorités ethniques. Les textes en question ont été depuis retirés du web par le groupe. Avant cela, les documents avaient été consultés par le cabinet de recherche américain IPVM qui les a transmis aux journalistes américains.
"La mention de l'origine ethnique fait référence à une caractéristique/fonction qui a été utilisée dans un contexte de test, afin de voir jusqu'où pouvaient aller nos capacités techniques", s'est défendue jeudi Alibaba dans un communiqué transmis à l'AFP. "Elle n'a jamais été utilisée en dehors de ce contexte de test", a assuré l'entreprise.
Dans la région de Xinjiang (Nord-Ouest), une politique répressive est menée depuis plusieurs années par Pékin après de nombreux attentats meurtriers, commis contre des civils et attribués à des séparatistes et islamistes ouïghours. Le régime a nettement renforcé la surveillance en multipliant les contrôles d'identité, les portiques à l'entrée des bâtiments, les caméras de reconnaissance faciale, les confiscations des passeports, les collectes d'ADN ou encore les barrages policiers.
De nombreux experts étrangers accusent les autorités d'avoir interné dans cette zone du nord-ouest du pays au moins un million de musulmans dans des "camps de rééducation". De son côté, le gouvernement se défend et évoque des "centres de formation professionnelle" destinés à protéger la population des radicaux religieux.
La semaine dernière, l'entreprise Huawei avait été accusée par le même cabinet IPVM de tester un logiciel de reconnaissance faciale et raciale des Ouïghours. En guise de soutien à la minorité musulmane chinoise, l'attaquant français du FC Barcelone avait décidé de rompre son contrat avec le groupe, dont il était l'ambassadeur depuis 2017.