Benoît XVI : le pontificat difficile d'un homme qui ne voulait pas être pape

Joseph Ratzinger a 78 ans lorsqu'il est élu pape le 19 avril 2005. C'est la première fois qu'un cardinal aussi âgé est porté à la fonction suprême. "J'attendais de trouver enfin paix et repos, a par la suite raconté celui qui prend alors le nom de Benoît XVI. Me voir confronté à cette énorme charge a été pour moi un choc". 

Mais il ne pouvait pas refuser. Pour ce théologien qui dirigeait la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, succéder au charismatique Jean-Paul II, dont il était très proche, n'a pas être simple. Le "Vaticaniste" Jean-Marie Guénois a pu l'observer. Benoît XVI avait une double mauvaise image : il était Allemand et avait été pendant une vingtaine d'année le gardien du dogme catholique. 

D'où ce surnom terrible de "Pantzer cardinal", qui était injuste car Benoît XVI était un homme très doux, intellectuel, qui aimait entendre le point de vue des autres pour en discuter. Joseph Ratzinger avait choisi son nom en pensant notamment à Benoît XV, pape pendant la première guerre mondiale qui avait guidé l'église dans un monde en crise. 

Pédophilie : un discours nouveau, douloureux, clair

Lui hérite d'une église en crise. Il va affronter le scandale de la pédophilie en prenant ses responsabilités, contrairement à son prédécesseur, note Bernard Lecombe spécialiste de l'histoire papale. "Jusqu'à Jean-Paul II, ces choses-là se murmuraient dans les confessionnaux, on mutait discrètement les prêtres suspects d'une paroisse à l'autre". 

"Là, il y a eu deux tournants. En 2008, le premier a vu Benoît XVI exclure du sacerdoce tous les prêtres convaincus de pédophilie. Le deuxième, c'est ce cas irlandais, où il va plus loin : il y a faute aussi quand un homme d'église, surtout un évêque, garde le silence sur ce qu'il sait. Ce discours là est nouveau, il est douloureux pour l'Église mais il a l'avantage d'être clair".

Il ne maîtrisait pas bien le jeu médiatique

Mais Benoît XVI ne maîtrise pas bien le jeu médiatique. Ses prises de positions conservatrices sur les sujets de société le vouent à la critique. Son objectif à lui, c'est de rappeler le message fondamental du christianisme - Dieu est amour - et il demande aux fidèles, notamment aux jeunes, d'aller porter ce message.

"Il est urgent de parler du Christ autour de vous, à vos familles, à vos amis, sur vos lieux d'étude, de travail, de loisirs. N'ayez pas peur, ayez le courage". C'était à Paris en 2008, lors de son unique voyage en France. Les catholiques se sont habitués à ce pape qui sourit timidement, qui ne soulève pas les foules mais inspire le respect. Le 11 février 2013, sa démission pour raisons de santé les prend par surprise.

Ovation

"Dieu ne nous demande pas plus que ce que l'on peut faire, et la santé c'est quand même important", lance une jeune femme. "À vrai dire, j'ai été un peu choqué, c'est notre pape quand même qui donne sa démission. Mais voilà, c'est un homme libre", juge un homme. "Cette façon de laisser la place, c'est ce qui marquera son pontificat", estime encore une autre.

Son successeur, le pape François, lui rend hommage au soir de son élection sur la place Saint-Pierre en mars 2013. "Je voudrais faire une prière pour notre ancien pape Benoît XVI". Joseph Ratzinger, fatigué, qui s'efface pour laisser la place, est alors ovationné par la foule.

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