L'errance en Méditerranée est terminée pour les 141 migrants à bord de l'Aquarius. Le navire humanitaire est finalement arrivé à Malte ce mercredi 15 août en début d'après-midi, après plusieurs jours passés en mer, à attendre une autorisation pour accoster.
Épuisés, les migrants - parmi lesquels se trouvent une moitié de mineurs et un tiers de femmes - ont poussé des cris de joie lorsque le navire, affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), s'est engagé dans le vaste port de La Valette.
Le gouvernement maltais avait donné son feu vert pour que l'Aquarius y accoste la veille, le mardi 14 août, après un accord pour répartir entre cinq pays européens - la France, l'Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l'Espagne - ces migrants secourus vendredi 10 août dans les eaux internationales au large de la Libye.
Cela faisait plusieurs jours que l'Aquarius errait en Méditerranée en quête d'un port d'accueil, deux mois après avoir suscité une intense crise diplomatique. Rejeté par l'Italie mais aussi dans un premier temps par Malte, qui avait recueilli lundi 13 août 114 migrants secourus par sa marine, l'Aquarius a finalement été autorisé à accoster à La Valette.
Originaires pour la plupart de Somalie et d'Erythrée, les passagers, qui devaient passer un contrôle médical avant de pouvoir quitter le navire, ont débarqué petit à petit, sous un soleil brûlant. Deux femmes enceintes ont été transportées à l'hôpital. Les rescapés étaient "épuisés, marqués par leur voyage et leur séjour en Libye", avait déclaré Aloys Vimard, le coordinateur de Médecins sans frontières à bord de l'Aquarius.
À l'arrivée des migrants, l'équipage du Lifeline, un autre navire de sauvetage retenu à quai pour l'heure par les autorités maltaises, a brandi une bannière clamant : "Tout le monde a le droit à la vie". À l'inverse, une dizaine de militants d'extrême droite ont agité une banderole exigeant la "fin du trafic d'êtres humains".
L'Espagne, qui avait accueilli l'Aquarius en juin au moment de sa précédente errance, a promis de prendre en charge 60 migrants, tout comme la France, dont le président Emmanuel Macron avait été vivement critiqué en juin pour avoir fermé ses ports au navire. L'Allemagne s'est de son côté engagée à recevoir jusqu'à cinquante réfugiés et le Portugal s'est dit prêt à en accueillir trente. Le Luxembourg en recevra cinq.
L'ONG SOS Méditerranée s'est félicitée ce 15 août que ces différents pays européens se soient "mis d'accord pour partager les responsabilités au sein d'une réponse (...) coordonnée". "L'Aquarius a bien sûr l'intention et l'obligation de reprendre la mer au plus vite, au large des côtes libyennes", a par ailleurs souligné Verena Papke, représentante de l'ONG en Allemagne, lors d'une conférence de presse à Berlin.
Pour l'heure, les dirigeants de l'UE ne sont pas parvenus à trouver un compromis avec les partisans d'une ligne dure sur l'immigration, comme l'Italie et le groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne).