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Angela Merkel lors d'une conférence de presse le 23 mars 2021.
Crédit : Michael Kappeler / POOL / AFP
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Il y a dix ans, une petite phrase changeait l’Allemagne alors que des dizaines de trains chargés de réfugiés arrivaient chaque jour dans toutes les gares du pays. La chancelière Angela Merkel, lors d’une conférence de presse historique, lançait un appel à ses compatriotes et affirmait sa confiance en eux : "L’Allemagne est un pays fort et nous avons déjà atteint tant de choses, nous pouvons y arriver", "Wir schaffen das" en allemand.
En 2015, ils ont été au total 890.000 personnes à chercher refuge en Allemagne. Autant d’histoires et de parcours personnels, mais ce dont on se souvient surtout, c’est de cette vague immense de solidarité et de l’élan d’empathie qui a traversé tout le pays. Merkel avait bel et bien réussi à mobiliser les Allemands, majoritairement favorables à sa décision.
Grâce à l’action des bénévoles, les réfugiés ont été hébergés, nourris, soignés et éduqués. L’Allemagne n’a vu ni camp de fortune ni enfants contraints de dormir sous une tente dans la rue.
Un chiffre résume sans doute cet héritage : selon une étude publiée cette semaine, 98% des demandeurs d’asile arrivés à cette époque envisagent aujourd’hui de devenir allemands ou ont déjà engagé des démarches de naturalisation, possible après huit années de résidence. Ainsi, 207.000 Syriens arrivés en 2015 sont déjà devenus citoyens allemands. Autrement dit, ils ont trouvé un emploi, un logement, et parlent allemand : ils sont intégrés.
Mais dix ans plus tard, le contraste est saisissant. L’Allemagne a rétabli les contrôles aux frontières et refoule désormais certains demandeurs d’asile. Le pays se referme et se divise sur la question migratoire, alors que l’extrême droite enregistre des scores historiques.
À cela s’ajoutent d’autres défis : la montée de l’islamisme et plusieurs attentats, puis l’arrivée d’un million et demi d’Ukrainiens en 2022, qui a poussé le système d’accueil à ses limites. Même les communes traditionnellement accueillantes ou les organisations de bénévoles ont salué la décision du gouvernement de ralentir les nouvelles demandes d’asile.
En réalité, dans le "Wir schaffen das" de Merkel, il y avait l’idée d’un effort collectif unique, avant que l’État ne prenne le relais. Mais aucune réforme structurelle du droit d’asile n’a suivi, ni investissements massifs dans les logements, les hôpitaux ou les écoles. Ce décalage nourrit aujourd’hui ressentiment et vote de colère. Tous les partis politiques ont depuis pris leur distance avec l’esprit de 2015, y compris la CDU d’Angela Merkel.
Interrogée récemment, l’ancienne chancelière continue de défendre sa décision : "L’Allemagne est un pays fort, je n’ai pas trop demandé en 2015." "L’alternative", explique-t-elle, aurait été "de refouler ces familles avec des canons à eau aux frontières et cela, je ne l’aurais jamais autorisé."
Elle reconnaît que sa politique a contribué à la montée de l'extrême droite, mais refuse d’y voir une raison suffisante pour regretter sa décision : "Ce que j’ai fait a polarisé, et a conduit des gens à se rapprocher de l'AfD. Mais était-ce une raison pour rejeter une décision importante, juste, que je considérais comme raisonnable, digne et humaine ?"
Dix ans après, Angela Merkel reste fidèle à sa petite phrase. Trois mots seulement, sans doute les plus célèbres de ses seize années au pouvoir : "Wir schaffen das."
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